L'histoire :
Un vieux crouton rural s’adresse à sa belle-fille, enceinte jusqu’aux dents : « Ma bru, élevez des cochons, vous aurez du jambon, élevez des enfants = que des emmerdements ! »
Un couple de futurs parents fait sa seconde visite chez l’obstétricien, celle qui permet de connaître le sexe du bébé. A la question du père, impatient de savoir si c’est bien une fille, le médecin lui confirme : « Oui, à 95%, ou alors il en a vraiment une toute petite ».
La concierge de l’immeuble s’adresse à une de ses locataires enceinte (et visiblement agacée), qui sort promener son chien. Ou plutôt, elle s’adresse au chien : « Mais oui il est content le kiki de devenir grand frère ! »
Une femme croise une amie en ville, avec un enfant en bas âge au bout de chaque main, ainsi qu’un troisième dans le bidon. Evidemment, la question : « Mais où est-ce que tu vas le mettre ? » a le don d’irriter la maman…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un titre fort à propos, en prévision de la fête des mères ! Ce petit recueil souple, adapté aux budgets de tous les fistons, cumule des dessins caustiques signés Florence Cestac, portant sur les joies fantasmées et les insupportables tautologies de la maternité. Coscénariste de l’ouvrage, Nadège Beauvois a créé en 2006 l’association Maman blues pour aider les mamans en dépression post-natale (elle en fut elle-même victime). Cette mère de 3 enfants en sait donc long sur ce syndrome étrange et incompréhensible pour nombre de quidams femelles et 100% des quidams mâles. Seules à porter physiquement leur enfant durant 9 mois, les mamans se sentent aussi psychologiquement seules face aux innombrables responsabilités qui en découlent. Ce sont toutes ces angoisses et processus de culpabilisations qui sont ici singés sous forme d’exutoire. La peur prénatale de l’accouchement, en dépit de (et générées par) les garanties médicalisées… Les inévitables petits tracas physiologiques inhérents au moment clé… Puis viennent les craintes de mal faire, les leçons d’éducation des tiers, les remarques stéréotypées inévitables et agaçantes sur le bébé… A raison d’un seul dessin par page, Cestac met en scène une centaine de remarques désobligeantes selon son inévitable style graphique « gros-nez ». A défaut d’être révolutionnaires, tous ces petits crédos autonomes sont souvent bien vus et corrosifs…
