L'histoire :
Il faut croire que ses efforts de réinsertion bordelaise auront fait « flop ! » : Paci est sur le pont d’un gros navire en direction de Calais pour autre chose que de la croisière touristique réservée aux gogos. Lui, ce qui l’intéresse, c’est la barmaid et plus exactement ses petits parapluies qu’elle met dans les cocktails. Des jolis accessoires en papier qui servent de support à des friandises illégales de type GHB, cocaïne ou MDMA. Paci évoque rapidement le deal avec la jolie serveuse, tente de faire infléchir les prix. Il y a apparemment un gros stock à écouler et une belle somme à prendre. Mais notre ex-taulard ne cherche pas à conclure l’affaire : il est d’abord là pour observer, comme simple intermédiaire. Car depuis peu, il a repris le collier sous les ordres d’Ashram, celui pour lequel il effectuait les « go-fast » avant de tomber. A son arrivée au port, il va d’ailleurs le rejoindre directement dans une boîte de nuit dont le gros trafiquant est le propriétaire. Paci lui fait le compte-rendu de sa rencontre et la somme demandée par la barmaid et son boss pour avoir la marchandise pendant une année. Ashram connait bien la jolie serveuse : il s’agit de son ex-femme qui, après l’avoir larguée, a eu la mauvaise idée de s’acoquiner avec son pire ennemi et principal concurrent. C’est pourquoi il propose à Paci de tripler ses honoraires habituels, s’il accepte de se débrouiller pour dénicher le stock et le lui rapporter…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joliment secoué par le final du tome 1, on attendait avec impatience que Vincent Perriot charge la deuxième balle de son 3 coups, histoire de voir si ce polar se montrerait aussi rugissant qu’il le promettait. Chose est faite, cinq mois plus tard, sur le pont d’un gros ferry, avec notre ex-taulard, crâne lisse comme une coquille d’œuf, prêt à rejoindre Calais. Que s’est-il passé entre temps ? Le récit se montre aussi taiseux que son personnage principal, balayant d’un revers la plupart des rôles secondaires et offrant la drôle de surprise de retrouver notre grand black dans un costume qu’il avait promis de ne plus enfiler : la magouille de came sous les ordres de celui pour qui il travaillait avant son incarcération. L’intrigue se concentrera d’ailleurs sur cette reprise d’activité avec : plan miné pour dénicher un gros stock de petits parapluies à cocktail (vous verrez de quoi il retourne…) ; ex-compagne du boss à mater et rafales de mitraille des trafiquants concurrents à éviter. Pour le reste, notre bonhomme nous laissera quelques miettes de son histoire amoureuse, un micro-brin de son passé et une rencontre fugitive avec son papa. Bref, force est de reconnaître qu’il ne se passe pas grand-chose et que le scénario s’amuse à entretenir tous les mystères pour continuer de nous ferrer. Et ça marche ! Conduit par une narration rythmée, un personnage rendu on ne peut plus attachant – et charismatique – par ses silences ou ses choix d’action, ce petit polar nerveux est redoutable d’efficacité. Idem pour la partie graphique qui, surmontée d’une impeccable mise en couleur, livre une incroyable palette de plans travaillés pour suivre l’action in vivo. On en redemandera donc évidemment d’autant, qu’une fois encore, la conclusion et les intentions de Paci laissent entrevoir une suite savoureusement décapante.