L'histoire :
Pico Bogue déprime, ces derniers temps. Il comprend désormais que sa vie n’est qu’un éternel recommencent fait de frustration. En effet, que ce soit dans ses rêves ou dans sa façon de faire, il ne fait que toucher quelque chose sans l’approfondir. Quand il rêve de faire du piano et qu’il le fait pour la première fois, il change d’un seul coup pour faire tout de suite après du tennis... Puis, une fois qu’il aura échangé quelques balles, il se retrouvera aussitôt en train de faire une autre activité. Ses parents essaient de le rassurer : c’est normal d’avoir plusieurs passions. Vouloir découvrir moult choses est plutôt positif. Ana Ana leur rappelle que son frère n’a besoin de personne pour se remonter le moral. En effet, Pico disserte de plus en plus sur son modus operandi, mais il finit à la conclusion, tout seul, que sa vie est finalement merveilleuse comme dans les contes qui commencent par « Il était une fois ». Pour Ana Ana, c’est très différent. Elle devient triste le jour où une maman la compare avec une de ses amies. Pour la maman, Ana Ana est une fille « sans histoire ». Et quand elle comprend l’expression, elle se sent insipide. Le souci, c’est que plus elle en parle et plus les autres essaient de la réconforter, plus elle se sent mal et mal-aimée !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pico Bogue compte déjà 17 albums ! On sent des petits changements dans la série qui renouvelle le ton global. En effet, Dominique Roques opte pour un scénario plus unifié avec une thématique forte qui porte l’opus. Cette belle idée permet en plus de découvrir Ana Ana et Pico sous un jour nouveau. En effet, confronter ces deux petits bouts de chou à des problèmes philosophiques ou métaphysiques les rend encore plus humains. On sent également des périodes de mal-être, notamment chez Ana Ana. Chaque saynète est une forme d’introspection réussie qui rend les personnages encore plus attachants si cela était encore possible. On y perd parfois un peu en blague ou chute humoristique, mais ce qu’on gagne en humanité n’a pas de prix. Roques utilise parfois également sa science sur l’étymologie (rappelons qu’un album a préalablement été consacré à l’étude historique de la langue et les possibilités de jeux sur les mots à partir de ce support). Le procédé un peu artificiel dévoile encore la mauvaise foi évidente de Pico qui grandit aussi dans sa capacité à répondre de façon malhonnête ! On retrouve donc toujours avec grand plaisir le parfum unique de cette série et c’est aussi le cas pour le dessin tout en finesse et en sensibilité d’Alexis Dormal. On a bien sûr déjà vu tous les décors et scènes en aquarelles, mais c’est si bien fait et tellement en accord avec le ton général, qu’on n’a pas à se poser de questions (existentielles ou non) : la série reste toujours aussi profondément sympathique.