L'histoire :
Pour échapper au contrat qu’un ponte de la mafia a lancé sur sa tête, Dottie s’est exilée à Hawaï, où elle gagne sa vie en péchant le yellow-bellied. Ce serpent bariolé rouge et noir, dont le venin est mortel en quelque secondes, est paradoxalement très recherché par l’industrie pharmaceutique pour ses vertus anti-cancérigènes. Elle a tout vendu pour s’acheter un superbe voilier, dirigé par un ancien sumo lors de ses plongées sous-marines (le yellow-bellied est un serpent aquatique). Mais une tueuse redoutable est toujours sur sa piste. Pour éviter d’être trahie par le tatouage qu’elle porte à l’épaule, Dottie décide de le faire masquer par un autre, en forme de double serpent… mais elle laisse ainsi un souvenir de son passage chez un tatoueur. Puis, lorsqu’elle retourne à son voilier, c’est pour être prise en otage par Marlon, le boy-friend kanak de sa concurrente directe en terme de chasse au serpent. Recherchés pour avoir assassiné une touriste américaine lors d’une exhibition folklorique, Marlon et ses amis obligent Dotti à mettre le cap sur Kaho’Olawe. Cet îlot aride abrite certes un sanctuaire kanak, mais aussi un véritable paradis pour cette ethnie, créé par un milliardaire japonais, collectionneur de peaux tatouées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette nouvelle aventure de Dorothy Partington, ex pin-up de calendrier, ex espionne alias Dottie, il est question de serpents mortels, de kanaks, de milliardaire fou, de tatouages… Dès le départ, Yann met en place plusieurs trames à cette histoire qui peut se lire indépendamment des autres. Puis en grand scénariste, il s’emploie a tresser toutes ces ficelles en un tout particulièrement cohérent et palpitant. Yann excelle surtout dans la mise en place des scénarii à tiroir : la tueuse est vipérine ; les serpent chassés sont également un tatouage ; les tatouages des kanaks sont collectionnés par un milliardaire « Jamesbondien ». Mais l’habile scénariste apprécie aussi les double sens : la pin-up est piégée par un cover-up (tatouage « par-dessus ») ; la tueuse de sang-froid, vipérine, chasse une chasseuse de serpents ; le venin mortel paradoxalement utile au traitement du cancer, est ironiquement inefficace contre le cancer de la tueuse… Bref, ce 9e épisode, un bon cru, est intelligemment alambiqué. Etant donné que ces 56 planches sont une nouvelle fois servies par un dessin léché signé Philippe Berthet – et judicieusement colorées par Dominique David – le plaisir est entier.