parution 23 août 2024  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Antiquité / Mythologie

Sisyphe

Comment Sisyphe a-t-il donc « déconné » pour se retrouver condamné aux enfers, à pousser une pierre ronde dans une montée pour l’éternité ? Illustration truculente du célèbre mythe antique, qui évoque l’absurdité de l’existence.


Sisyphe, bd chez Dargaud de Le Tendre, Peynet
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  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

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©Dargaud édition 2024

L'histoire :

Le Tartare est un royaume de ténèbres encore pire que l’enfer. Suffocant, renfermé, aride, volcanique. Le vieux Sisyphe y est condamné à l’isolement pour l’éternité, à pousser une lourde pierre sphérique sur une pente montante vers un sommet qu’il n’atteint jamais : lorsqu’il est à bout de forces, la pierre finit toujours par rouler jusqu’en bas. Et Sisyphe doit recommencer, sans fin. Il mesure l’ignominie de sa malédiction en se souvenant de son origine. Il était jadis un riche grec, père de Glaucos et mari de Méropé. Mais il était aussi une sorte d’escroc rusé, qui n’aurait jamais dû duper Médée. Alors que la veuve de Jason était aux abois, il lui avait en effet vendu un bon prix une embarcation pourrie avec une voile déchirée. Médée avait alors jeté une malédiction sur son bien le plus précieux : son fils. Ce sort promettait le dépérissement et la mort de Glaucos dans l’année. Onze jours plus tard, devant l’état de Glaucos qui ne se nourrissait plus, Méropé et Sisyphe tentaient d’agir auprès de la déesse Hygie, en faisant un sacrifice de bœufs. La déesse de la santé lui avait alors fixé un rendez-vous avec Thanatos, le messager d’Adhès (dieu des enfers !), pour lui soumettre un léger « arrangement ». Pour retarder la mort de Glaucos jusqu’à la fin de son adolescence, Sisyphe allait devoir tuer quelqu’un de son choix, une fois par lune, par simple apposition de sa main…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Le mythe de Sisyphe est bien connu des fans de Camus, qui illustra cette condamnation existentielle dans un essai philosophique soulignant le non-sens de la condition humaine. Bien avant lui, le personnage mythologique de Sisyphe se retrouve diversement décrit selon les auteurs grecs antiques. Il est cependant toujours condamné à faire quelque chose d’aussi inutile et laborieux que de pousser une pierre ronde vers un sommet illusoire, pour l’éternité… et de recommencer lorsque celle-ci retourne en roulant à son point de départ. Concrètement, de nos jours, on est confronté à cet absurde mouvement perpétuel quand on lance une balle à un chien ou quand on dépose un permis de construire. Le duo Le Tendre / Peynet étend ici sa collection des grands mythes en illustrant celui-ci depuis son péché originel. Car pour écoper d’un tel châtiment, il faut quand même avoir sacrément déconné ! On vous explique. Pour avoir dupé Médée, le fils de Sisyphe a écopé d’une malédiction. Le rusé grec négocie donc avec Thanatos et se retrouve avec un arrangement un peu pénible mais acceptable : il doit tuer une personne par mois, de son choix, pendant 6 ans. Hélas, Sisyphe tente le coup sur quelqu’un de très particulier et… il n’aurait pas dû. D’où la sanction. Serge Le Tendre arrive admirablement à rationaliser et à alléger cette fable antique aux tonalités relativement morbides, notamment au travers des réactions contemporaines des personnages et à bien des bribes d’humour. Par exemple, lorsque le messager d’Adhès apporte des infos au maître de l’Olympe… ou dans les détails dessinés par Régis Peynet – à la griffe artistique semi-réaliste élégante et souple, dans des décors lumineux de la Grèce antique – lors des nuits de libations et d’orgies qui résultent de l’emprisonnement de Thanatos (p.50-51).

voir la fiche officielle ISBN 9782205208252