L'histoire :
Herakles est le fils de Zeus et de Alcmène. Herakles est donc demi-dieu, demi-homme. Socrate, le chien du héros, est donc un demi-chien ! Mais bon, Socrate le demi-chien reste tout de même un chien. Enfin, à un détail près : il parle beaucoup et philosophe un peu trop. Ses sujets de prédilection : le machisme exacerbé de son maître, une bête de muscle jamais rassasié d’aventures et qui pense avant tout avec sa bite. Il en est tellement agaçant que Socrate aimerait le planter là et vaquer à d’autres activités. Mais c’est plus fort que lui, sa nature chien le pousse à rester fidèle à son maître. Pour le moment, Socrate assiste surtout à un spectacle incroyable. La soif d’aventures de son maître l’a poussé à se rapprocher d’Ithaque pour rejoindre le célèbre Ulysse et courir à ses côtés par monts et par vaux. Oui mais voilà. Ulysse a foutu le camp en plantant sa femme Pénélope, guère récompensée de ses années de patience. Peu importe, Herakles est là pour la réconforter… de très très près. Surpris par Télémaque durant leurs ébats, Herakles sort son glaive et dans un réflexe, pourfend le fils d’Ulysse. C’est ballot…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette série, Joann Sfar s’amuse comme un petit fou à maltraiter la philo et la mythologie grecque. Le résultat est jubilatoire, avec une bonne dose d’irrévérence, option mort de rire (Ulysse découvre son homosexualité dans les bras d’Herakles, qui s’en défend). Bref, on passe ici un bon moment tout en lisant une BD intelligente. Le dessin de Christophe Blain et les couleurs d’Audré Jarel sont minimalistes mais suffisent amplement à nous faire apprécier les nombreuses réflexions franchement drôles. Sur un découpage de 6 cases par planches, à une ou deux exceptions près, ces auteurs qui se connaissent très bien (ils ont déjà réalisés 3 tomes de Donjon Potron-Minet ensemble) poursuivent leur délire philosophico-humoristique. Comme sur le premier tome, la trame du récit s’appuie la plupart du temps sur les pensées en voix off de Socrate. Ce système permet d’enchaîner les péripéties philosophico-guerrières. Certes, il y a bien quelques clichés (les « vrais » hommes sont des machos, les Grecs sont des pédés). Mais c’est au service d’un humour libre, fin, impertinent, comme Sfar l’apprécie et comme on l’apprécie chez lui. En même temps, ce dernier ne produit pas du Platon et la BD se lit assez vite. Si les réflexions de Socrate empruntent un ton résolument libre, Sfar sait également lui accorder quelques proses plus littéraires. Cette série reste donc très accessible au public – en dehors de toute considération morale…