L'histoire :
En 2659, dans son élan mégalomane, Millestone, le puissant magnat du sport automobile, invente un nouveau type de compétition : une course de bolides sur la planète-circuit A:Xis, dont la particularité stellaire empêche toute transmission d'ondes durant 700 minutes toutes les 72 heures. Les 40 jours de course, sur 40 000 km de parcours non-reconnus, se feront donc pour une bonne partie en aveugle ! Ce que Millestone ignore la veille même du départ, c'est que la planète est habitée par une Entité Biologique Indigène Inconnue (EBII), des créatures anthropoïdes ailées. En effet, un message radio, envoyé quelques 503 ans plus tôt par une mission exploratrice qu'on croyait disparue, vient seulement d'arriver aux antennes terrestres. Or l'annulation expresse de la compétition, demandée par un responsable de l'agence spatiale des Nations Unies, n'y changera rien : le spectacle, suivi par quelques 7 milliards de téléspectateurs, a des enjeux économiques qui priment sur toute autre considération éthique. Le départ de la première étape est donc donné, auquel participe le célèbre pilote Froilan. Malgré le terrible accident dont celui-ci se remet tout juste, il a décidé de concourir sans le moindre recours aux produits dopants communément admis. Au premier check-point, dans un vrombissement inouï, les commissaires de courses font alors un relevé stupéfiant : 21 signaux sont enregistrés, alors qu'il n'y a que 20 véhicules participants...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette seconde et dernière partie, Speedway propose un amalgame d'idées de SF qui se révèle plus épais et détonnant que dans la mise en bouche. Dans son scénario, Laurent-Frédéric Bollée mélange et recycle en effet des thématiques d'anticipation certes intéressantes, mais qui auraient sans doute mérité chacune d'être le sujet coeur de l'intrigue. Il y a d'une part l'idée assez excitante (surtout pour les fans de formule 1 actuelle) d'une course automobile géante (aux moyens démesurés), avec des étapes en aveugle, sur une planète quasi-sauvage. Il est aussi question du parcours sportif et médical d'un champion, de ses rivalités, de sa décision honorable de moraliser sa performance sans l'usage de drogues. Enfin, Bollée ne peut s'empêcher de creuser un sillon narratif du côté de l'évolution et de l'extinction d'une civilisation extraterrestre dotée d'une morphologie d'ange (ou plutôt de Stryges, pour les connaisseurs). Cela fait beaucoup à orchestrer, en deux petits tomes... Les zones d'ombre et le final en queue de poisson laisseront plus d'un lecteur frustré. L'ensemble conserve néanmoins un côté série B sympatoche, que relaie le visuel réaliste et élégant de Siro, avec toute la démesure permise par ces concepts (notamment dans les architectures et bolides futuristes et clinquants). Speedway n'est pas la série SF de l'année, mais elle ravira surement les amateurs d'anticipation et de courses auto...