L'histoire :
Jacques Rochel, français d’origine vietnamienne, se rend au Cambodge pour travailler à l’ONU. L’année 1993 marque alors les premières élections démocratiques du pays et la communauté internationale a du travail pour organiser cet évènement et calmer les populations locales. Jacques doit s’occuper de toute la logistique des élections : il prépare le matériel adéquat et distribue les paies des Onusiens (ceux qui travaillent pour l’ONU). Il découvre aussi la pauvreté et la beauté de la province de Ratanakiri. C’est enfin l’occasion de marcher sur les traces de son enfance, car Jacques a vécu au Vietnam voisin. Il y retrouve d’ailleurs son premier amour de lycée : Mai. Tous deux se remémorent, non sans émotion, le passé de leur jeunesse. Pourtant, la mission comporte de nombreux dangers. Sans le savoir, Jacques est en effet suivi par des anciens Khmers rouges…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette bande dessinée est quasi autobiographique : en effet, Jacques Rochel raconte ici son voyage au Cambodge et les conditions électorales de l’année 1993. C’est surtout un témoignage précis et détaillé sur l’action humanitaire et l’implication de l’ONU dans ce projet, qui devait pacifier et unifier le pays. Le rythme est ainsi très lent et essentiellement fait de rencontres humaines et de découvertes géographiques. L’histoire en souffre quelque peu, car on se demande souvent quel est l’intérêt d’entrer dans la sphère privée du personnage. Le récit n’est pourtant pas totalement autobiographique, car l’emprise Khmer rouge sur le pays apporte un suspense à l‘histoire. Le ton ultra réaliste est original et intéressant, mais l’on peut légitimement être déçu sur ce carnet de voyage assez insipide. Peu de descriptions de paysages, de rares allusions historiques au passé terrible du Cambodge : les personnages eux-mêmes manquent même de profondeur et on suit l’auteur avec une certaine morosité. En voulant trop coller à la réalité, Jacques Rochel a fait un simple compte-rendu de voyage froid et sans âme. Le dessin de Vink, célèbre auteur de la série Le moine fou, est aussi décevant. Certes, l’auteur a du talent et les couleurs pastel sont douces et restituent bien le côté sauvage du pays, mais les cases sont désespérément vides de détails et de décors. Du coup, l’ensemble est un peu figé et manque aussi singulièrement d’âme. Pourtant, le dessinateur vietnamien (qui a connu Jacques Rochel au lycée de Danang) nous gratifie de deux peintures à l’huile saisissantes. Un dossier sur la situation du pays à l’époque et le terrible génocide cambodgien donnent enfin quelques détails sur l’aventure de Rochel. Dommage qu’un tel sujet ait été aussi mal exploité…
