L'histoire :
Edna Midweather est assassinée au milieu de la nuit, son corps coulé dans un pilier de béton. Un pilier de béton monté à la grue quelques jours plus tard sur un magnifique immeuble en construction, le projet Eden Blue en Floride. Un investissement crucial pour Loomis Incorporated, la société qui employait la jeune femme. Tyler Cross n'aurait aucune raison de s'approcher d'Everett Loomis si Sid Kabikoff n'avait pas balancé son adresse à un groupe de tueurs. Sa maison de Tampico a brûlé, sa compagne a été sauvagement assassinée, et il n'a plus un sou. Lorsque Sid voit Tyler surgir dans la chambre d'hôtel où il passe la soirée avec une prostituée, il sait que sa vie ne tient plus qu'à un fil. Il sait en outre qu'il doit une grosse somme d'argent à celui qu'il croyait mort. Il lui explique alors les 70 000 dollars qu'il a confiés à Loomis pour une opération extrêmement juteuse. Un pot de vin qui permettra au promoteur d'acheter à un prix défiant toute concurrence une île des Keys, le magnifique archipel au large de la Floride. Les autres participants à l'opération sont des mafieux des quatre coins du pays, qui attendent tous un rendement élevé pour leur participation au dessous-de-table. Cross se retrouve alors chez Loomis, pour organiser le retour de son argent et de ses intérêts. Mais il ne va pas se contenter de la bonne parole du promoteur et va prendre pied dans l'opération...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le trio Nury-Brüno-Croix fonctionne à plein régime pour ce troisième tome de Tyler Cross, une série désormais majeure du paysage BD franco-belge. Les premières pages de ce nouvel épisode sont tout simplement époustouflantes, cinématographiques en diable, accrocheuses et graphiquement superbes. La complicité entre le scénariste et le dessinateur est visible à chaque séquence, Fabien Nury a de toute évidence trouvé chez son dessinateur un complément idéal à sa passion de la mise en scène. Ils réussissent à rendre fluide une intrigue complexe et pleine de retournements, qui se conclut de manière parfaitement préparée. La tension est renforcée, comme dans la série Le Tueur, par l'utilisation de la voix-off, un procédé terriblement efficace lorsqu'il est maîtrisé. Les dialogues sont peu nombreux, le personnage de Tyler ne se révèle pas beaucoup, l'intrigue qui démarre sans le moindre répit ne se relâche jamais. L'atmosphère de polar noir très teigneux, pour reprendre les mots de Brüno lors d'une interview pour PlaneteBD, est incomparable, perceptible dès les premières cases. La coloriste Laurence Croix joue d'ailleurs un rôle très important dans cet impact visuel, la mécanique de l'introduction de ses couleurs sur les noirs et blancs de Brüno est partie-prenante de la dramaturgie du récit. Le dessinateur au style absolument unique, qui se dit admirateur de Peyo comme des grands maîtres américains du noir et blanc, développe aujourd'hui une puissance incroyable. Un style reconnaissable au premier coup d’œil, qui fait de lui un des grands noms du genre. Le duo qu'il forme avec un des scénaristes les plus impressionnants du moment est marquant, comme le furent Hermann et Greg, Charlier et Giraud, Van Hamme et Vance. Impressionnant !
