L'histoire :
Sur Tau-Céti, l'une des colonies de la Terre, le village d'Erechim se dépeuple inexorablement, miné par son éloignement de la capitale et la faiblesse des autorités locales. L'arrivée en train de Jane et John, après plusieurs jours de voyage, va provoquer un changement dans la routine de ce bled perdu. Le maire de la ville a en effet fait appel à des renforts pour contrer la main-mise d'une bande de voyous qui terrorisent les habitants et se croient tout permis. Employés de Ronald Burton, un riche propriétaire terrien, ils débarquent, armes au poing, dans le bar et menacent tous ceux qui ne se plient pas à leur volonté. Malgré la perplexité affichée de l'équipe du maire qui doute des deux jeunes gens, dont l'un des deux se déplace sur une sorte de fauteuil roulant, Jane et John interviennent soir même. Dans le bar de la rue principale, ils humilient le groupe de délinquants qui s'en prenaient à une jeune femme. Leur technique de combat et leur habileté à manier leurs armes impressionnent tous les témoins, un espoir nouveau naît à Erechim. Jane est nommée shérif, il est temps pour les deux enquêteurs de rencontrer celui qui semble dominer les affaires et imposer sa loi sur la ville : Ronald Burton. Mais en parallèle, il va leur falloir apprendre à connaitre la faune qui peuple cette planète lointaine et semble se comporter depuis quelque temps de manière anormale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette nouvelle collaboration entre le scénariste Leo et le dessinateur Icar n'est en rien liée aux mondes d'Aldébarran ni à leur récent Terre lointaine. Leur recette a d'emblée des airs de western fantastique, situant son contexte dans un bled construit comme un village américain du XIXème siècle. L'album débute avec une intrigue d'une grande simplicité, sans aucune subtilité apparente, centrée sur la rivalité entre les deux enquêteurs et la bande d'hommes en arme à la solde de Burton. Sans chercher à creuser la personnalité des personnages, Leo met en scène des affrontements de série B, caricaturaux ou efficaces selon les points de vue. En cours d'album interviennent progressivement les animaux aux formes bizarres qui peuplent tous les albums du scénariste depuis qu'il sait tenir un crayon en main. Ce n'est pas dévoiler un secret de dire qu'ici aussi, ils vont faire partie de l'intrigue, et que le suspense les concernant ne fait que commencer. Graphiquement, Icar déploie son style classique, aux traits fins et aux hachures nombreuses, sur des couleurs vives efficaces. Il ne se départit pas d'une certaine raideur, compensée par un découpage carré qui rend la lecture de l'album très fluide. Cela dit, tout reste à démontrer pour cette nouvelle série, dont les premières pages semblent presque naïves dans leur effarante simplicité : les gentils cassent la figure aux méchants, sur fond d'humour. L'économie de psychologie et des dialogues très basiques sont des éléments frappants de ce premier tome. Ce qui nous incite à la prudence, Leo étant un animal scénaristique aux pouvoirs toujours surprenants.