L'histoire :
Regroupés le soir dans le cimetière d'Auln sur Darcq, quatre adolescents suivent les consignes de leur maître de jeu qui les conduit dans les étapes de l'Appel de Cthulhu. Ils doivent prendre des décisions virtuelles aux conséquences imprévisibles, annoncées par leur ami. Ils quittent les lieux précipitamment lorsque le gardien surprend Marie en train d'uriner entre deux pierres tombales. A la rentrée scolaire, Samuel, Henri et Marie retrouvent Oriane, pour une année qui s'annonce compliquée. Le groupe aime aller fumer des joints sous un vieux chêne, et se trouve très surveillé par la maire du village. Au beau milieu d'un cours, le professeur est interrompu par l'arrivée d'un nouvelle élève qui rentre de Beyrouth. Une jeune fille superbe qui attire immédiatement l'attention d'Henri, d'autant qu'elle se présente en racontant une histoire de plongée sous-marine pour explorer les ruines d'une ancienne cité engloutie. Elle fascine littéralement tous les élèves de la classe, se présentant comme la fille d'une sorte de druide. Très vite elle va rejoindre le groupe de copains dans leurs sorties, leurs moments au pied du chêne et leurs soirées de jeu. Mais un terrible accident la cloue sur un lit d'hôpital. Elle entre dans un coma dont Samuel et les autres vont vouloir la faire sortir par des moyens étranges.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le parti-pris des deux auteurs pour cette troisième collaboration est toujours très particulier. Il mélange de nombreuses références aux années 80 à travers les occupations de la bande de copains qui voit arriver Mélusine, et une élégance rétro formatée sous des cases conçues sur ordinateur. L'érudition de Thierry Smolderen et sa passion personnelle pour l'univers des jeux transpirent dans cette intrigue pleine de rebondissements, qui reste pourtant fluide d'un bout à l'autre. Le dessin d'Alexandre Clérisse vaudra peut-être des « j'aime pas le dessin » catégoriques à ceux qui tenteront de faire lire cet album à leurs proches. Son style très particulier est pourtant contrôlé et s'attache à créer des atmosphères prenantes, tout en conservant un côte lisse et post moderne. Clérisse est un dessinateur de décors plus que de personnages, et ses silhouettes très marquées par leur coiffure ou la forme de leur nez permettent de rester à l'écart de détails dont il ne se sert pas pour raconter son histoire. La combinaison de ces deux univers d'auteurs est un pari osé, on imagine avec quelle facilité on aurait vu un artiste réaliste incarner les cauchemars lovecraftiens des personnages. C'est donc un choix délibéré que chacun pourra tester en feuilletant quelques pages du livre. Si vous accrochez aux premières pages de cimetière et de cinéma hanté, cet album est pour vous. Sinon, contentez-vous d'un « j'aime pas le dessin ».
