L'histoire :
Ce matin là du 5 juin, la voiture du procureur général de l’état de New York explose au moment où il met le contact pour partir au travail. 5 mois plus tard, le colonel Samuel Amos – directeur du département anti-terroriste américain – tente de coincer un espion israélien à l’intérieur d’un immeuble, avec l’aide du FBI. Agile comme une anguille, l’espion parvient à s’échapper et l’appartement explose. Toutefois, des documents top secret sont saufs. Dès qu’il les consulte, Amos prend rendez-vous avec Frank Giordino et Carl Heideger, respectivement directeurs de la CIA et du contre-espionnage. Ensemble, ils évoquent l’importance d’identifier et de supprimer Dovev, agent dormant israélien, dont les activités menacent la diplomatie entre les deux pays. Or Dovev pourrait appartenir à leurs services… Il faudra que le président Sheridan intervienne lui-même pour qu’Amos accepte de diriger cette opération. Car jadis, après qu’il eut perdu son bras gauche lors de la guerre israélo-arabe, Amos avait participé à la création du Mossad, avant d’en démissionner en raison de positions divergentes. Son passé douloureux remonte une seconde fois à la surface lorsqu’il quitte le bureau de Giordino. Par le plus grand des hasards, Amos tombe en effet nez à nez avec Kira, son ancienne fiancée, qui souhaite renouer avec lui. Il acceptera un diner au resto et apprendra d’elle qu’il a une fille de 20 ans, Isqah…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après la Mangouste, la tueuse Irina et le major Jones, cet opus de XIII Mystery focalise logiquement sur un quatrième personnage éminemment important de la saga XIII : le Colonel Amos. Comme à chaque fois, le héros XIII est absent des débats : l’intrigue d’espionnage concoctée par Alcante (sous la férule de Jean Van Hamme) s’intéresse plutôt au cas d’un espion israélien, bien en marge de l’affaire XIII, mais utilisant à dessein le catalogue de ses protagonistes (Giordino, Irina…). Sans en dire de trop, l’intégrité qui rendait Amos attachant en prend un tout petit coup dans l’aile, lorsqu’on découvre sa jeunesse. Amos se présente néanmoins comme rusé, froid, secret, lucide, manipulateur et… torturé par la subite révélation sur sa paternité. Bref, en tous points raccord avec le protagoniste de la série mère. Le thriller qui en résulte est franchement palpitant et judicieusement amené. En outre, le dessinateur François Boucq trouve le moyen de coller à la perfection au personnage imaginé par William Vance… tout en jouant de sa griffe personnelle réaliste, si juste dans tous les compartiments du métier. Mouvements, expressions, profondeurs, cadrages, rythme : il livre ici une partition de haute volée. Notons au passage que Boucq semble apprécier les manchots (cf. Bouncer) ! Alcante offre une pirouette finale en convoquant malignement un protagoniste inattendu. Seul petit regret : quitte à creuser la personnalité d’Amos, on aurait aimé comprendre la coquetterie de son perpétuel nœud papillon…