L'histoire :
En poste avec deux collègues dans une voiture de police, Inès, jeune fliquette, repense à une récente nuit de garde au commissariat. Un homme au regard hagard s’était livré en tenant sa petite fille par la main. Il avait annoncé que la fillette et sa mère avaient été violées par un inconnu. Lui n’avait pas supporté et avait tué sa femme à coups de couteau. Retour brusque au présent : Inès et ses collègues sont alertés par une jeune femme qui vient d’être agressée dans le métro. Ils descendent aussitôt dans la station, repèrent ledit délinquant en capuche, qui s’enfuit en traversant les voix ! Pendant ce temps, place Vendôme, deux motards s’arrêtent devant une bijouterie. Très rapidement, ils collent du plastique sur la vitrine, se protègent dans la porte cochère d’à côté et activent un détonateur. Leur intervention a duré à peine une minute et repartent avec un sérieux butin. Une équipe de la BRB est dépêchée sur place pour recueillir analyses et témoignages, un stagiaire-officier sur les bras. Les deux braqueurs regagnent tranquillement la banlieue. L’un est jeune, à la recherche d’adrénaline. L’autre est un vieux briscard qui ne paye pas de mine et habite un triste pavillon. Le jeune réclame que le vieux le forme au maniement des explosifs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Personne ne sait précisément pourquoi on crie « 22 », quand v’là les flics… (13 origines plausibles sont recensées par wikipédia®). Toujours est-il que ce titre convient à merveille aux intentions de cette nouvelle série de polar, dont un (premier ?) diptyque est aujourd’hui proposé chez Delcourt, dans la collection Machination à un inhabituel format comics. A la manière dont Olivier Marchal (ancien flic) avait dynamisé le polar au cinéma, Olivier le Bellec, toujours membre de la BRB (Brigade de Répression du Banditisme) offre sa vision immersive et réaliste au sein de différentes unités de la police parisienne. Le multi-capé David Chauvel l’a épaulé pour donner le rythme idoine à ces intrigues entrecroisées (…pour le moment ?). Car après une courte intro glauque à souhait, pour donner le ton, on peut suivre trois fils narratifs dans ce premier tome : d’une part une équipe de « bleus » procèdent à l’arrestation musclée d’un délinquant dans les couloirs du métro. Les circonstances y sont plus musclées que profondes, mais les séquences sont efficaces. D’autre part, deux braqueurs de bijouteries adeptes d’explosifs s’adonnent à leur sport favori, en moto. Ils sont super pros et rapidement pistés par une équipe de la BRB, qui mène une enquête difficile. Là encore, on alterne phases de délits et phases d’entrainement vues côté gangsters, en passant par l’enquête à proprement parler côté flics. Le ping-pong narratif est parfaitement palpitant dans le sens où il a la manie de zapper de l’un à l’autre aux moments des climax. Ces incidences constituent l’intrigue la plus épaisse et coriace de ce premier tome mise en scène de manière cinématographique par Thierry Chavant. Le dessinateur use d’une griffe réaliste – très probablement infographique – qui conserve ce qu’il faut de spontanéité pour être dynamique. Quelques effets de séquençage soulignent le spectacle (une double page lors du plaquage dans le métro) ou les moments contemplatifs, sans en faire de trop. Tout cela est parfaitement efficace !