L'histoire :
Tokyo, quartier d’Asakusa, mai 2007. Kotobuki Ichiro, 95 ans, assiste à une énième Sanja Matsuri (immense fête populaire). Dominant la foule du haut de l’autel sur lequel il est juché, il contemple le quartier qui l’a vu naitre. L’occasion est trop belle pour ne pas se souvenir de sa singulière destinée… A sa naissance, Kotobuki semble devoir mener la vie honnête de ses parents, paisibles commerçants de la ville. Mais le grand tremblement de terre de 1923, qui emporte sa mère, le pousse sur une toute autre voie. Dépité par la mort de son épouse, le père d’Ichiro s’enfonce dans une lourde dépression. Le jeune homme choisit alors le vol pour ramener un peu d’argent à la maison. Très vite, il intègre un clan. Son ascension est fulgurante, mais stoppée nette par l’entrée en guerre du Japon en 1940. La capitulation de son pays n’empêche pourtant pas le bandit japonais de rebondir. Entre 1946 et 1958, il fait en effet prospérer, via le proxénétisme, sa propre organisation. Il devient alors un Oyabun incontesté et puissant. Au cours de ces années, il fait deux rencontres capitales : celle d’Oguro Yoji, traditionaliste invétéré qui se dévoue corps et âme, allant jusqu’à endosser un crime pour son maître ; celle d’Hotei Gozo qui lui sauve la vie en s’interposant lors d’une tentative d’assassinat. Mais cette année 2007 semble vouloir sonner sa dernière heure : pendant la fête, on tente de l’assassiner. L’Oyabun doit alors son salut à l’abnégation de ses hommes et à l’intervention de son ancien ami, yakuza repenti et star du petit écran : Hotei…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À n’en pas douter, si vous offrez ce 7 Yakuzas au réalisateur de Reservoir Dogs et de Pulp Fiction, il s’empressera de sauter sur son combiné pour convaincre Jean-David Morvan de lui céder les droits d’adaptation… Ce dernier lui aura d’ailleurs bien mâché le travail, tant le 6e chapitre de l’inventive collection « 7 », fournit tous les ingrédients chers au cinéma « tarantinien ». Dans cet opus, déclinant à son tour le concept, le scénariste, en véritable passionné du Japon et de son histoire, construit un récit rythmé et violent, lui permettant d’afficher ostensiblement sa fascination pour cet univers. Et c’est une vraie réussite. Si cette collection nous a parfois livré des opus peu satisfaisants, qui tombaient dans l’écueil d’une présentation trop longue des protagonistes, l’auteur réussit ici une construction particulièrement savoureuse : choix d’une narration non linéaire avec abondance de flashbacks ; utilisation d’une voix off qui change en fonction de l’angle de narration ; dialogues au cordeau… Le tout encadré par la présence de personnages forts qui pourraient constituer à eux seuls une nouvelle série. Le seul bémol pourrait venir de l’utilisation régulière d’un vocabulaire qui renvoie à l’utilisation fréquente du lexique en fin d’ouvrage (et ouais… on n’est plus au cinéma : les sous titres ça marche moins en BD !). Le dessin de Takahashi Hikaru assoit définitivement l’esthétisme recherché. Le trait vif, la science du rythme et des mouvements, le cadrage, permettent la lecture d’une vraie BD d’action. Les scènes de poursuites sont de réels petits bijoux par exemple… Un graphisme explosif et enlevé qui fait monter l’adrénaline. Un album à ne pas manquer. Du très bon « 7 » quoi !