L'histoire :
En 2465, contrainte de quitter la Terre pour assurer sa survie, l’humanité s’est exilée depuis près d’un demi-siècle dans le système de Ruivivar. Implantés notamment sur la planète Acriboréa, les colons s’apprêtent aujourd’hui à accueillir un gigantesque vaisseau spatial contenant 12 millions de nouveaux migrants ! Même prévu de longue date, cet exode massif n’est pas sans poser quelques problèmes de logements… et le gouverneur Denshaw a fort à faire. Mais il porte également une attention de chaque instant sur un autre projet, totalement démentiel : le « destinage ». En effet, les scientifiques se sont aperçus que certaines créatures pacifiques d’Acriboréa, les « thaumas », avaient un fort pouvoir d’influence sur les humains. En capturant et en plongeant plusieurs centaines d’entre elles dans des sarcophages reliés entre eux à une machine centrale, les autorités s’apprêtent à enclencher un programme permettant d’orienter favorablement le destin de chaque colon. L’humanité sécurisée, en pilote automatique, en quelque sorte. Mais un groupe de rebelles, connu sous le nom de « Rempart », multiplie les actions terroristes à l’encontre de cette politique. Ils dénoncent évidemment une abominable réduction des libertés individuelles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 3 tomes de Salem la noire mêlant l’heroïc-fantasy à l’humour, le duo Cordurié/Créty (trio même, en ajoutant Sandrine Cordurié, la coloriste) récidive dans un autre genre, la science-fiction. A travers ce premier tome d’Acriboréa, ils articulent leur nouvelle aventure autour d’un thème classique de SF : le contrôle de la destinée humaine (on en trouve les principales sources dans Fondations d’Isaac Asimov ou dans Minority Report de Philippe K. Dick). Malgré l’intérêt du sujet, la construction du récit se fait de manière assez classique (mais plaisante !) : le pouvoir veut contrôler ses ouailles, des rebelles ne sont pas du tout d’accord, et au beau milieu des deux parties, des extraterrestres exploités pour les besoins de la chose n’ont pas encore montrés leur vrai visage. Entrecoupées de scènes d’actions (une course plein gaz en moto volante, un commando terroriste explosif), le récit est plutôt bien rythmé, mais manque peut-être un peu de surprises ou de fantaisie – ce qui faisait le sel de Salem. En fait, le vrai plaisir vient une nouvelle fois du dessin de Stéphane Créty, tout aussi à l’aise dans la SF que dans l’HF. Ses cases sont (très) détaillées, le découpage (très) dynamique, les paysages urbains et cosmiques (très) sympas… Bref, la « plus-value » de cette nouvelle série découle avant tout de cet univers futuriste réjouissant.