L'histoire :
Libéré de l'esclavage sous lequel l'obscur sorcier Um'guz le tenait depuis plusieurs années, Alim participe à l'expédition menée par l'ambitieux Khélob. Ce dernier veut découvrir l'ile du prophète Jésameth, et asseoir ainsi à jamais son pouvoir sur l'empire. Alors que Khelob est attaqué par les sauvages Mojaouis, c'est à nouveau le puissant Torq Djihid, chef de guerre de l'empire, qui lui sauve la vie. Mais au terme d'un combat solitaire contre les créatures sauvages du peuple Mojah, Torq est laissé inconscient, et la troupe poursuit son périple. L'armée de Torq décide de partir à la recherche de son leader, tandis que Khelob poursuit sa quête. Alors que la traversée de l'épaisse forêt se termine, l'ile tant attendue se profile à l'horizon. Sa plage est couverte de statues de Jésameth, et habitée par un peuple qui vénère une jeune déesse appelée Rahinatua. La jeune fille porte en habit de guerre les attributs de la divinité, ceux-là mêmes qui avaient contraint Alim, le hors caste blasphémateur, à fuir les siens. Sur l'ile tant convoitée, va alors s'exprimer la violence des ambitions et des rivalités de pouvoir…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur une trame d'heroïc-fantasy somme toute assez classique dans l'univers de la BD, cette série était parvenue avec une aisance confondante à nous captiver pendant ses trois premiers tomes. Savant mélange d'humour et de rebondissements (une règle du genre depuis la série fondatrice que fut La Quête de l'Oiseau du Temps), les aventures d'Alim le Tanneur avaient surpris le monde la BD en soulevant un enthousiasme inhabituel dès leur premier épisode. Ce quatrième tome, qui clôt l'aventure, tente bien de réunir tous ces savants ingrédients, mais avec moins de succès. Les 64 pages de l'album sont inégales (les 20 premières dans la jungle sont parfois difficiles à suivre, à l'image de cette case ou Khelob reçoit une flèche qu'on peine à distinguer dans un dessin trop confus). Là ou les dialogues touchaient juste, on confine parfois au bavardage laborieux… on en vient à se demander pourquoi avoir rallongé la sauce de cette manière. Le scénario redécolle en milieu d'album, mais garde le coté agaçant d'une lecture ralentie par des effets mal maitrisés (la double page 18-19 est belle, mais incompréhensible…). Pour couronner le tout, Virginie Augustin a rendu son trait plus rapide et nerveux que dans les albums précédents, donnant une impression de trop grande rapidité d'exécution (les visages de Khelob sont carrément approximatifs en page 30). Etonnante évolution pour une série qui pourrait prétendre être un blockbuster, mais se termine sur l'impression que ses deux auteurs avaient la tête ailleurs. Il n'en reste pas moins que l'histoire boucle sur une fin qui surprend, malgré le sentiment de déception. Si un nouveau cycle doit démarrer après celui-ci, il lui faudra renouer avec la profondeur des personnages (Alim est transparent dans tout cet album), la maitrise narrative et la beauté des images. On peut parier en tout cas que plus d'un lecteur acheteur se montrera prudent.