L'histoire :
Justine Leprieur, ex-journaliste de presse féminine, est dans une bien fâcheuse posture, en équilibre sur des barrières dans un enclos rempli de cochons. Tout a commencé quelques semaines plus tôt dans le bureau de la rédactrice en chef d’un grand magazine féminin Pouffe Mag. Justine postule pour un emploi un peu au-dessus de ses capacités et fait tout ce qu’elle peut pour convaincre l’inflexible patronne. Peine perdue, elle repart bredouille. Plus tard, au Pôle Emploi, elle apprend qu’elle n’a pas droit à la formation de perfectionnement en journalisme, puisqu’elle n’est pas au chômage. Même si elle ne travaille pas, elle est journaliste sans activité, en somme. Et ça, ça ne donne droit à rien. Finalement, c’est encore à la gazette gériatrique (pour qui elle fait des piges), qu’on lui propose la meilleure opportunité : un hors-série plus ou moins dans l’agriculture. Bon d’accord, elle espérait mieux, mais elle n’a guère le choix. Le lendemain, la sonnerie de la porte d’entrée la fait sursauter pendant qu’elle trempe sa tartine dans son bol de chocolat. Splatch ! Énervée, elle va ouvrir. C’est Virginie et Paul, son élégant fiancé, qui passent à l’improviste. Justine est gênée de les accueillir dans son appartement en complet bordel. Paul saisit le malaise et laisse les filles entre elles. Justine reproche à son amie de ne pas l’avoir prévenue. Après tout, elle aurait pu être à poil, ou avec quelqu’un ! En fait, Virginie tenait absolument à donner ses dernières recommandations pour la séance d’essayage des demoiselles d’honneur chez la future belle-mère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien Fait !, c’est l’histoire d’une jeune femme qui galère dans cette société où il est bien difficile de faire sa place, même quand on est motivé et plein d’énergie comme elle l’est. Et il faut bien deux Sophie : De Villenoisy au scénario, Ruffieux au dessin, pour soutenir autant de péripéties. Les aventures de la jeune journaliste sont en effet plus folles qu’elles ne paraissent à l’abord d’une présentation sans chichis, comme la couverture tout à fait anodine. La mise en page, elle aussi, ne révolutionnera pas le genre : une chronique sociale aux notes indéniablement féminines et urbaines. Et pourtant, cette fois, le charme opère ! L’humour omniprésent, la répartie sans égale de Justine et des ressorts comiques inventifs boostent cet album au niveau de la comédie bien bâtie. Et la touche de morale sur l’amitié, la famille et tout le tintouin trouve même sa place sans altérer le sentiment amusant qui se dégage de cette histoire souvent désopilante. Justine a tout de l’anti héroïne : maladroite, impulsive, un tantinet portée sur la boisson, elle tente en vain de rentrer dans le cadre de cette société trop carrée, du moins dans la forme. Parce que dans le fond, c’est beaucoup de mensonges, de mépris, d’égoïsme et bien d’autres tristes sentiments qui faussent les règles de la société. C’est justement tout ça qui énerve Justine. Elle se charge donc de remettre de l’ordre en désorganisant les vies réglées comme du papier à musique de son entourage. Basée avant tout sur les personnages, l’histoire se déroule souvent sur fond blanc, laissant la part-belle aux dialogues et à l’expressivité des protagonistes. La future belle-mère en Jane Fonda réac qui se dit « très ouverte d’esprit », la meilleure amie obnubilée par son mariage et toute une galerie de personnalités piquantes font de cette BD une agréable comédie à bookiner quand il fait triste et gris pour dérouiller les zygomatiques.
