L'histoire :
Au XVIIIe siècle, la jeune et belle Blanche du Beau-Près a été mariée à un riche et hideux époux, expatriée sur une île bretonne et soumise aux sarcasmes d’une « bonne » société raciste, puritaine et misogyne. Ne supportant plus cette condition infâme, elle s’est enfuie en compagnie de Toumaï, un nègre robuste à son service. Tous deux partagent une âme humaniste, le rejet d’une condition injuste et inférieure et ils sont tombés éperdument amoureux l’un de l’autre. Par voie de mer, ils sont parvenus à rejoindre les côtes africaines. Mais dès leur arrivée, ils ont été repérés et se sont enfuis, séparément. Capturée, Blanche a rejoint les cachots du baron de Morteuil, le gouverneur du comptoir local. Pour sortir de cet endroit sordide, où elle se sait vouée à une mort certaine, elle accepte un compromis de la part de ce vieux libidineux : devenir sa femme. Toumaï, lui, en s’intégrant aux premiers noirs libres qu’il rencontre, constate que les noirs ne valent pas mieux que les blancs. Dans leur tribu, les femmes sont tout aussi soumises aux hommes que dans la civilisation des blancs. En outre, nul n’est disposé à l’aider à libérer une blanche. Tandis qu’il rumine une action pour libérer Blanche, il sympathise avec une belle guerrière, Mbissine, tombée sous son charme. Pendant ce temps, désespérée, Blanche s’évade et rejoint la savane, éminemment dangereuse : c’est le territoire des lions…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome prenait pour cadre la société du XVIIIe siècle français dont est originaire Blanche, une civilisation infecte avec les noirs et les femmes, deux catégories rabaissées au rang d’êtres inférieurs. Changement de décor pour ce second volet, en foulant les terres africaines du « nègre » Toumaï… mais pour retrouver hélas l’intolérance, le racisme et la misogynie traditionnelle de l’époque, soit des mœurs relativement similaires. Avant-gardistes en matière d’humanisme, les deux amants passeront la majeure partie de l’épisode séparés, pour mieux se retrouver à fuir vers de nouveaux territoires, ensemble, au terme d’aventures périlleuses au côté des lions… et des hommes. La sauvagerie des grands félins, qui jouent ici un rôle salvateur, se révèlera néanmoins un sérieux atout face à la bêtise humaine. Entourant son récit d’un zest de mythe (la déesse Blanche entourée de lions), Thierry Chavant poursuit là un portrait peu glorieux, mais ô combien réussi et pertinent, des mœurs infâmes du XVIII siècle. Or cette belle histoire d’amour tourmentée offre forcément, et indirectement, la mise en perspectives des travers de notre propre époque dans le registre. On grogne donc comme des lions en apprenant que l’éditeur ne permettra pas à l’auteur de publier le troisième et dernier opus de la trilogie prévue, faute de ventes suffisantes.