L'histoire :
A la fin du XIXème siècle, au Japon, Hera et Bey sont en filature. Sous la neige, le colosse souffre car son corps a vieilli de trente ans lors de la dernière mission… Il court difficilement, il n’arrive qu’à se hisser sur un toit qu’après des efforts surhumains. Leur contact est dans la maison où ils se sont introduits, mais Silverberg aussi. Et elle a rajeuni de trente ans… Au duty-free de l’astroport, une femme essaie une toilette pour un séminaire où elle et son mari seront invités chez Marie-Antoinette. Lui rêve, pour 10 millions, d’acheter une nouvelle vie sur Neworld, l’espace-temps colonisé par Paolino Anderson. Pendant ce temps, Korais et Bloch, lui aussi toujours vieux, accueillent Penn de retour de mission, furieuse. 16 morts, 27 portés disparus en plein Moyen-Âge après une attaque de huns. La politique s’en mêle, mais Bloch a une idée pour s’en sortir sans effusion de sang…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les albums de Chronosquad ne font pas que nous emporter au bout du monde, ils nous transportent aussi dans des époques inédites. Et l’inverse. Dans ce nouveau tome, le lecteur voyage dans le Japon de la fin du XIXème siècle, dans l’Angleterre des années 30, à Constantinople au Vème siècle… L’idée est magique et terrifiante à la fois. La machine à remonter le temps fait rêver depuis longtemps, et encore plus depuis que la technologie nous a ouvert quelques portes. Mais Giorgio Albertini ne fait pas que nous raconter une belle histoire d’aventure. Il nous rappelle à tous la triste capacité de l’être humain à tout marchander, tout monétiser. Le voyage dans le temps devient une écœurante machine à engraisser des holdings sans scrupules, des milliardaires mégalomanes sans aucune attention pour les écosystèmes ni l’Histoire. Tout peut se retrouver bouleversé par l’être humain et sa soif inextinguible de richesses. Au milieu d’enjeux et de pouvoirs qui les dépassent, les Chronosquads sont les derniers chevaliers de la Raison. On n’arrive pas à imaginer qu’ils pourraient finalement triompher. La narration est toujours passionnante, même si elle nécessite une vraie concentration, avec des aventures coupées de publicités vantant les mérites de Neworld. Les dialogues sont souvent drôles, bien rythmés, bien traduits par Hélène Dauniol-Remaud. Le dessin de Grégory Panaccione est toujours très beau. Sa ligne claire alterne des cases riches au trait fin pour des paysages de toute beauté avec des cases où les dessins sont posés sur des aplats, ou les décors sont juste évoqués par des coups de pinceau. Son encrage à l’aquarelle est à la fois beau est efficace. Le duo ne s’essouffle pas, pas plus que cette série toujours agréable à suivre.