L'histoire :
Le roi des Sélénites, Jean, a été condamné à l'exil de son astre blanc vers le soleil ! Après une dernière rime, de rigueur au pays des vers, il prend place sur son bateau stellaire et s'envole définitivement vers d'autres horizons. C'est le moment, pour nos amis terriens, de rentrer chez eux, et par le même moyen. C'est alors qu'Armand, dont le cœur a chaviré pour Séléné, annonce à ses amis son intention de rester avec elle : il l'aime et il n'a plus qu'à lui déclarer sa flamme pour vivre heureux ! La lune n'est pas si loin de la terre et ce n'est qu'un au revoir. Mais Don Lope le prévient : Séléné ne l'aime pas, lui. Elle a choisi l'autre rimeur, le maître d'arme, leur ami au grand nez, certes, mais à la verve aussi brillante que notre renard d'Armand... Hélas, les deux bêtes sont fières, et l'entretien, pourtant parti d'un bon sentiment, finit en jus de boudin : les deux amis se fâchent et se quittent au bord du duel... Pendant ce temps, echoué sur le même astre, Don Cénile se balade dans une forêt d'arbres en or, qui lui font venir la larme à l'œil. Toutes ces richesses sont pour lui. Les fruits sont dorés, mêmes les champignons sont faits de ce métal si cher à son cœur. De quoi perdre la tête ! C'est d'ailleurs là que le bateau de notre troupe se dirige, poussé par les vents, en direction des monts miroboliques, pour prendre leur élan, traverser le néant, le séant porté par les rayons astraux vers l'atmosphère terrestre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 10ème et dernier tome, cette série très théâtrale se termine en beauté ! Certes, la formule est désormais connue, le verbe sonne comme un air familier et le dessin flatte l'œil d'un trait coutumier. Mais qui se lasserait de ce caviar, de ce foie gras, de ce saumon fumé ? Il y a 17 ans, les auteurs avait d'emblée atteint des sommets. Il n'en sont jamais descendus et, du haut de leurs cimes artistiques, nous ont abreuvés de cascades de paroles enchantées et d'un dessin proprement à tomber. La qualité du vers ne se dément pas et on sent que le scénariste Alain Ayroles a pris le pli de la rime, qui sonne encore plus juste, se lit sans effort, et nous berce de son rythme sonore, qui va, qui vient, comme une marée. En réunissant en un opus tous les acteurs de cette longue (mais trop courte ?) épopée, des pirates inspirés au scientifique incompris, en passant par les perroquets répéteurs et l'infâme Mendoza, on en a pour notre plaisir. Mais rassurez-vous, si cette histoire de cape et de crocs est bien révolue, les auteurs n'enterrent pas pour autant tous leurs personnages. Dans un futur diptyque, ils ont en effet décidé de donner vie au plus mignon d'entre eux : Eusébe. Nous attendons donc déjà les deux tomes en postquel, qui expliqueront peut-être comment diable un petit lapin à l'apparence si inoffensif à pu être condamné aux galères...
