L'histoire :
En 1904 aux côtés de Scott, puis en 1909 à la tête de sa propre équipe, le lieutenant britannique Ernest Shackelton tente d’être le premier à rallier le pôle sud. Hélas, il sera doublé par le norvégien Roald Admunsen, en décembre 1911. Héroïque, son expédition de 1909 lui faudra toutefois d’être anobli par le roi Edouard VII. Dès lors, le démon de l’aventure antarctique le titille. Le pôle conquit, un autre challenge s’offre alors à lui : la traversée du continent, de mer à mer. Il convainc sa femme, trouve des fonds, des soutiens, et procède au recrutement d’une équipe. Malgré la franchise de sa petite annonce, qui n’ergote pas sur les dangers et la rigueur du climat (« Cherche Homme pour voyage incertain… »), les candidats sont nombreux à postuler. Même Amundsen en personne y va de son conseil : plutôt que des poneys, utiliser des chiens de traineaux et des skis. En octobre 1914, malgré les tensions internationales, Churchill donne son aval au départ de l’expédition. Une fois rejoint leur ultime point de départ, en Géorgie du sud (entre l’Amérique du sud et l’Antarctique), les conditions climatiques à court et long terme ne sont guère avantageuses. Après un mois d’attente, Shackleton trépigne et décide tout de même de partir. En mars, leur navire baptisé « l’Endurance » est totalement pris dans les glaces de la mer de Wedell…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En exergue de l’année polaire internationale, ce petit one-shot de la collection Mirages de Delcourt, nous narre par le menu l’une des aventures humaines les plus folles du XXe siècle : la tentative de la traversée de l’Antarctique, par l’expédition Shackleton de 1914. L’expédition fut un échec, mais la détermination salutaire de l’explorateur, pour sauver ses hommes, lui permettra néanmoins un retour triomphal au pays. Au scénario, Pascal Bertho n’a pas à forcer son talent pour rendre l’aventure spectaculaire : le périple fut ahurissant, ultimement périlleux et authentique. Bertho rythme toutefois la chose avec beaucoup de savoir-faire et le résultat sur le lecteur est garanti : on ne décolle pas le nez de l’ouvrage, si possible en restant blottis au coin du feu. Le dessin de son compère Marc-Antoine Boidin, avec qui Bertho a déjà livré l’excellente trilogie Chéri Bibi se révèle évidemment toujours un atout avantageux. Certes, un décor de glaces n’est pas ce qu’il y a de plus compliquer à réaliser, mais le dessinateur tient parfaitement la distance sur 126 planches. Sa patte prend la forme d’un crayonné réaliste lâché et fignolé, sobrement colorisé à l’informatique. Les coups de crayons encore visibles ajoutent à la spontanéité du rendu final, et l’ensemble se révèle cohérent et très agréable à suivre. A noter : l’épopée est introduite et annexée de quelques compléments et photos didactiques. De quoi grelotter encore longtemps…