L'histoire :
New York. Un hôtel près de Central Park. Par la fenêtre de la chambre, une bouteille de vin et des verres, un couple qui s'enlace fiévreusement. Mais la réalité reprend lentement ses droits. Il se lève. Elle, sur le lit, fume en souriant. Elle l'embrasse longuement. Elle a l’air heureuse, épanouie. Lui semble inquiet, distant. Il repart avec un énorme bouquet de fleurs, qui n’est pas pour son amante. Il est pour Julia, son épouse, galeriste. Elle, c’est Rachel, elle est romancière à succès, en pleine promo, mariée, deux enfants, working-girl speed et sûre d’elle. Lui, Luka, juriste, marié aussi, est attendu ce soir car une fête est organisée chez lui par sa femme Julia. D’où l’énorme bouquet de fleurs… et un peu aussi pour sa culpabilité, car Luka va passer toute la soirée complètement ailleurs. Pourquoi Rachel et Lula ont-ils cherché cette aventure ? Ils la vivent différemment et elle va les mener sur des chemins bien différents…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une BD sur l’adultère, ça ressemble souvent à un prétexte pour voir du cul. Et franchement, ça pourrait suffire dans ce bouquin, tant le talentueux Kalonji transcende les ébats, avec un noir et blanc classieux qui donne une beauté simple et envoûtante aux scènes d’amour. Mais on va ici beaucoup plus loin, grâce au scénario tout empreint de finesse de Lydia Frost, dont c’est la première BD. Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus, on l’a vu, on l’a lu, et souvent même on le vit. Mais ici, sans le dire, ça nous saute aux yeux. Voilà un homme qui ne sait pas vraiment ce qu’il veut, qui tâtonne, se cherche. Il culpabilise, tergiverse, ne vit pleinement aucune de ses relations avec deux femmes admirables, belles, intelligentes, talentueuses. Il a pourtant tout pour être heureux. Sa maîtresse, en revanche, vit pleinement l’instant, assume, compartimente… Et au final, c’est une histoire tout en finesse sur les relations amoureuses que nous livre Lydia Frost, sur les relations de dépendance à l’intérieur des couples, réellement magnifiée par le dessin de Jean-Philippe Kalonji. C’est beau, c’est fin, c’est intelligent. Une belle rencontre entre Frost et Kalonji, qui démontre une nouvelle fois son éclectisme.
