L'histoire :
Depuis la victoire de Guillaume de conquérant à Hastings, l’Angleterre est tiraillée entre les normands et les saxons. En l’an 1194, tous attendent avec impatience le retour de croisade de Richard 1er, alias cœur de lion, qui vient d’être libéré par Saladin, car lui seul fait consensus. En ce jour pluvieux, le chevalier templier Brian de Bois-Guilbert (d’origine normande), de retour de Terre Sainte, demande l’hospitalité au manoir de Rotherwood. Le maître des lieux, Cédric le Saxon, lui accorde à contrecœur et fait monter le couvert, en vertu des lois sur l’hospitalité. Sa pupille, Lady Rowena, se rue dans la grande salle, avec l’espoir que le chevalier Ivanhoé, renié par son père Cédric pour avoir prêté allégeance à Richard le normand, soit également de retour… Hélas. Elle ne remarque pas le pèlerin qui se dissimule dans un coin de la pièce, sous un large couvre-chef. Très discret, ce dernier accepte une couche dans la porcherie, en compagnie d’un juif de passage, Isaac d’York. Le lendemain, les deux hommes font route vers Sheffield. Isaac sympathise alors avec son compagnon qui n’est autre, bien sûr, qu’Ivanhoé ! Le juif devine alors les intentions du jeune homme de tournoyer à Ashby et il lui offre un destrier et une armure. Quelques jours plus tard, le vaniteux prince Jean inaugure le prestigieux tournoi, auquel se présente un candidat qui se fait appeler le « chevalier déshérité »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’évocation de ce titre, les plus anciens ont immédiatement une petite chanson de générique qui s’embraye dans la tête. Ivanhoé est à l’origine un roman de l’écossais Sir Walter Scott (paru en 1819). Le scénariste tout-terrain Yann semble en faire une adaptation relativement fidèle, qui rejoint néanmoins plus volontiers la collection Histoire et histoires de Delcourt, qu’Ex Libris. On y découvre un contexte politique médiéval tendu (les saxons et les normands se disputent l’Angleterre) et un preux chevalier, de retour de croisade, qui brille lors d’un tournois (c’est le cœur de cette mise en bouche). Les fans de Robin des bois s’amuseront aussi de voir Robin de « Locksley » et le Prince Jean, parmi le casting (c’est également le cas dans le roman). Le prolifique, éclectique et brillant dialoguiste Yann orchestre son récit avec un dynamisme minutieux. Il s’appuie sur le coup de crayon plus rare de l’espagnol Elias Miguel Sanchez, qui quitte donc enfin Paquet et l’heroïc-fantasy (Naüja et Les royaumes engloutis). Sa colorisation et son style de dessin mâtiné de mangas désarçonneront plus d’un amateur de BD franco-belge classique… mais ses planches soignées et détaillées sont un régal, aussi bien pour les scènes en costumes, que lors des séquences de combat (le tournois !) ou sur les plans d’ensemble plus contemplatives. Allez tous en chœur : Ivanhoooo-é !