L'histoire :
Merlin se retrouve plongé dans un désert peuplé d'étranges mages. Il rencontre l'un deux, qui lui annonce que tout va rentrer dans l'ordre, maintenant, mais que ça ne va pas être facile. Merlin, lui, veut juste retrouver sa femme et voir son fils revivre. Mais le mage lui propose encore mieux : connaître la vérité ! Merlin, qui n'a pas vraiment le choix, débarque au milieu d'un village étrange et inquiétant, sorte de « nid de vipères au milieu de l'enfer » peuplé d'ayatollahs et de bonimenteurs. Alors que la foule – une secte, en fait – commence à devenir violente, Merlin tente de s'échapper en volant de ses propres ailes.... Miracle, il a réussi ! De l'autre côté du miroir, sa femme Pearl, épaulée par Ali Salton, entreprend des recherches sur ce mystérieux Endormeur...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier volet de l'Endormeur avait enthousiasmé par son inventivité et son ambiance décalée. Force est de reconnaître que Morgan Navarro ne choisit guère la facilité tout en essayant à chaque fois de se renouveler. Toujours plongé dans un décor médiéval fantastique extraordinaire, le héros Merlin navigue dans différents mondes grâce au passage de miroirs. Une mission : retrouver son fils Samo et sa femme Pearl, puis comprendre ce qui leur est arrivé. Magiciens louches, dictateurs fous, femme voilée peu farouche, princesses nymphomanes ou hippies sous drogues, autant de personnages mystérieux et inquiétants rencontrés par le héros sur le chemin de la vérité. L'auteur multiplie ainsi ambiances et paysages hors du temps, entre onirisme et surréalisme, tout en gardant le fil d'une intrigue rythmée et complexe, trop parfois, nébuleuse dans son final ou ses passages à teneur ésotérique et mystique. Elliptique, pêchue ou contemplative, la narration, elle, file sans ennuyer, tandis que le récit se pare d'une réflexion légère sur l'amour filial, la paternité ou la religion, laissant une porte ouverte à notre imaginaire, libre de projeter ce que bon lui semble. Assez touchant, le récit est porté par le trait limpide en noir et blanc qui ne cesse d'évoluer. Morgan Navarro, depuis Flipper le flippé par exemple, a beaucoup gagné en maturité graphique et en maîtrise narrative. Intrigant souvent, drôle parfois, voici un volet qui conclut de belle manière ce diptyque original.