L'histoire :
Un film mettant en scène des gorilles et des femmes capturées cartonne au box-office américain de cette année 1930. Pourtant il n'a rien de remarquable avec ses scènes exotiques entièrement filmées en studio et ses gorilles relégués au statut de figurants. Deux amis sortent de la séance énervés par la médiocrité du film. L’un d'eux a fait fortune dans l'aviation à la tête de la Pan Am, le second est un réalisateur de documentaires. Il leur vient l'idée de réaliser un vrai film avec un gorille réellement terrifiant, qui sera gigantesque, et qui ridiculisera tout ce qui s'est fait jusque-là. Merian Cooper et Ernest Schoedsack vont alors entrer en contact avec la société de production RKO, et embaucher un spécialiste du scénario pour structurer leur idée de gorille géant. Mais le budget envisagé pour le film, dont le titre n'est pas encore défini, à l'exception du nom « Kong », s'annonce absolument colossal. Cooper a alors l'idée de tourner deux films en même temps sur le même décor. L'un des deux sera filmé en journée, le second la nuit. Les obstacles sont franchis un à un, il faut maintenant décidément trouver une trame solide pour ce film évènement, le tournage va commencer très vite. Une île déserte, un immense building en plein New York, une femme terrifiée qui hurle, les idées foisonnent et le travail commence.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est une plongée passionnante dans l'univers du cinéma américain des années 30, dont on découvre à quel point ses enjeux financiers étaient déjà colossaux. Le parcours des deux producteurs du mythique King Kong de 1933 passent à travers toutes les étapes pour décrocher les financements nécessaires et diriger leur futur film. On assiste à des échanges visionnaires sur les images qui marqueront les esprits, et on constate le féroce esprit de compétition des producteurs qui voient avant tout leur future œuvre comme un produit commercial qui devra battre la concurrence. Les multiples scènes imaginées dans le film donnent une irrépressible envie d'aller visionner des extraits du film. On réalise à quel point Cooper et Schoedsack ne s'étaient fixé aucune limite, se permettant des combats entre monstres, imaginant les parties articulées de leur gorille géant et son regard étonnant de réalisme pour l'époque. Le dessin de Dejan Nenadov est dense et réaliste, ses reconstitutions de séances de cinéma et de scènes en noir et blanc sont très réussies. Il immerge parfaitement les protagonistes dans les décors hollywoodiens dont le réalisme artificiel est très bien rendu. On passe un très bon moment dans cet envers du décor bourré d'anecdotes, aux côtés de personnages habités par des ambitions artistiques et financières qui se complètent dans le plus pur style américain.