L'histoire :
Jeanne la Pucelle est de plus en plus connue grâce à ses nombreuses victoires et coups d’éclat. Elle arrive à Compiègne en 1430 et veut aider la ville assiégée par les Bourguignons. Elle est accueillie en grandes pompes par le capitaine Flavy et le gouverneur de la ville. Jeanne refuse de se reposer ou de festoyer pour son arrivée : elle a décidé d’attaquer l’ennemi dès le lendemain, afin de profiter de l’effet de surprise. Toutefois, ses hommes ne sont pas d’accord. Ils ont besoin de repos. Mais la décision de la courageuse guerrière est irrévocable. Elle s’isole à la chapelle et prie Dieu de l’assister dans le combat à venir. Elle ignore que, dans l’ombre des remparts, un homme soudoie les gardes et se prépare à la trahir… pour causer sa perte !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La mort de Jeanne d’Arc a souvent été l’objet de spéculations. Beaucoup ont soupçonné le roi de l’époque, Charles VII, d’avoir sacrifié cette encombrante femme de guerre. C’est donc tout en toute logique que les éditions Delcourt et leur collection L’homme de l’année, après avoir abordé la première guerre mondiale, se penchent sur cette page de notre histoire. « L’homme de l’année », en la circonstance, serait donc celui qui a trahi la femme du siècle et de l’Histoire de France. Après un petit rappel historique et la chute de Jeanne la Pucelle, on plonge dans l’intrigue proprement dite et on bascule petit à petit de l’Histoire à la fiction. En effet, ici, deux écorcheurs sont mandatés par la Reine pour enquêter sur cette fameuse trahison. Car beaucoup soupçonnent le Roi d’avoir lui-même provoqué la mort d’une femme qui refusait d’obéir à ses ordres et qui connaissait un succès gênant. Le fameux Corbeyran utilise tout son savoir-faire pour tisser une histoire sombre et prenante. De façon habile, il revient sur les soupçons qu’on a portés après coup sur Charles VII pour en faire son point de départ. Ce récit moyenâgeux est de fait une enquête policière, menée avec les méthodes de l’époque : intimidations, menaces, pressions politiques, manipulations. De suspects en suspects, les enquêteurs vont progressivement découvrir la vérité. Même si le procédé d’interrogatoire est un peu répétitif, l’ensemble est empli de suspens et le final réserve une surprise de taille. L’album vaut aussi beaucoup pour la qualité de son graphisme. Le trait ciselé de Horne est magnifiquement mis en valeur par des couleurs directes et crépusculaires. Vincent Froissard dissémine une palette de couleurs très sombre et consolide cette ambiance où le secret et les ombres sont rois. Les décors sont impressionnants de réalisme et le moyen-âge recouvre ses lettres de noblesse. On pourra regretter toutefois le manque de vie des visages et des personnages, le tout donnant une impression de papier-glace. Cette enquête historico-romanesque captivante offre un point de vue sur la fin tragique de Jeanne d’Arc que les historiens pourront contester. C’est toutefois une tentative intéressante d’expliquer une des nombreuses énigmes de France.