L'histoire :
Rescapé d’un naufrage, Edward Prenwick se retrouve sur une petite île tropicale où un savant mène des expériences terribles. Avec l’aide passive et alcoolique de Montgomery, Moreau crée des êtres hybrides entre l’homme et les animaux sauvages, faisant fi des douleurs engendrées sur ses cobayes. Après des semaines de « torture » durant lesquelles ils sont sanglés et enfermés, ces derniers, quand ils survivent, finissent par être relâchés sur l’île. Ils se réunissent alors en une communauté et vouent un culte divin à leur créateur, Moreau. Car leurs quotients intellectuels sont eux aussi hybrides, entre celui de l’homme et de l’animal… Lors de leurs séances de prières, ils répètent inlassablement leurs lois, qui font d’eux des « hommes » : ne pas marcher à quatre pattes, ne pas laper, ne pas chasser, ne pas faire ses griffes sur les arbres… Prenwick est piégé. L’île est une prison naturelle dont il ne peut s’échapper. Moreau ne lui est certes pas hostile, il lui explique même l’origine et la teneur de ses expériences. Mais il est totalement habité par son œuvre, un fou ! Or pour l’heure, il leur faut aller à la chasse au puma, un être hybride dont la nature sauvage a pris le dessus : il ne respecte pas les lois, chasse et tue les autres habitants de l’île…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec L’homme invisible, la guerre des mondes et La machine à explorer le temps, L’île du docteur Moreau est l’un des romans phares de l’écrivain HG Wells, fondateur à la fin XIXème du genre fantastique. Son adaptation respectueuse au sein de la collection Ex Libris de Delcourt se termine avec ce second volet. Où l’on découvre la genèse des expériences horribles, la chasse au puma, la fin de Moreau, la survivance du héros narrateur sur l’île, le désastre final. Scénariste-adaptateur, Stéphane Tamaillon reste très fidèle au roman originel et à son rythme narratif, bien que celui-ci soit tout de même le plus empli d’incohérences de Wells. En effet, outre la dimension génétique totalement fantaisiste, plus proche du Frankenstein de Marie Shelley que de la rigueur scientifique déjà établie à l’époque, quid du financement de Moreau, par exemple ? Le dessin semi-réaliste au crayon de Joël Legars est lui aussi un peu inconstant. Les personnages oscillent entre le réalisme et le caricatural. Les ambiances sont soignées et équilibrées sur certaines cases, puis d’autres séquences semblent céder aux facilités (ombres ou silhouettes vides, des aplats de couleur pour décors…). Après tout, cet aspect respecte lui aussi le caractère hybride du propos.