L'histoire :
Dans sa calèche, un marquis se rend chez le comte de Darville. Ce dernier lui a demandé par courrier de venir à sa rencontre dans les meilleurs délais sans en donner la raison. Une fois sur place, le comte avoue qu’il souffre d’un mal invisible et donne au marquis une lettre rédigée par un notaire. Son épouse, la comtesse de Figule, convoque son mari à l’épreuve dite du Congrès. En place publique et devant un jury de notables, le comte va devoir prouver qu’il est en mesure de combler bibliquement son épouse. En cas d’insuccès, la comtesse sera gratifiée de la moitié des terres de Darville, ainsi que d’une rente à vie. Le mari impuissant demande donc à son ami de l’aider à retrouver la vigueur qui lui permettra de satisfaire sa chère et tendre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En France, sous l’ancien Régime, les femmes pouvaient demander l’annulation de leur mariage pour cause d’impuissance de leur mari. Le Congrès, durant lequel l’homme devait honorer sa femme devant des prélats, médecins, juristes et autres témoins, a perduré environ un siècle et fut abolie en 1677. Cette partie de jambes en l’air publique fut remplacée par un palpage de testicules, pour savoir si les cartouches n’étaient pas endommagées. Si, à l’époque, cette pratique était humiliante, aujourd’hui elle prête à sourire et s’avère propice à une histoire truculente. Pour tenter de redonner de la vigueur au Comte de Darville, le marquis ne va pas ménager sa peine : il va l’entraîner dans un bordel où travaillent des filles plus stimulantes les unes que les autres, l’emmener dans un bois animé à la nuit tombée ou encore faire appel à un hypnotiseur. Malgré les efforts du marquis, l’ancien officier qui a plus de plaisir à jouer avec ses soldats en plomb que de jouir avec sa dulciné demeure bien en peine pour hisser les couleurs. Cette fable destinée à un public averti est désopilante : au-delà du sujet qui prête toujours à rire ou à sourire, l’originalité de ce récit réside dans les dialogues rimés. Traiter de la bagatelle avec une certaine poésie et humour est un délice. Le dessin caricatural et stylisé de Nicolas Dumontheuil se prête parfaitement à ce type de récit d’époque où certains protagonistes ne sont pas toujours costumés. Un album rabelaisien bien récréatif !