L'histoire :
Après plusieurs mois d’attente et l’échec de la procédure de regroupement familial pour Hakim et son fils, il ne lui reste que peu de solution pour rejoindre sa famille en France. Il décide donc, malgré le danger, de prendre la route avec Hadi, son fils de quelques années et de rejoindre Izmir, ville côtière turque, afin d’entrer en territoire grec par la mer. Une fois en Grèce, la traversée du pays vers le Nord se fait en bus durant 6 heures. Arrivé à proximité de la frontière avec la Macédoine, le bus s’arrête sur une aire de repos. Terminus, tout le monde descend. Apparemment, « le business de la détresse » rapporte gros dans le coin, les commerçants disposent de tout le nécessaire pour l’afflux de migrants. Une fois équipé pour la suite du périple, Hakim suit le flux par un petit chemin derrière la station. Apparemment, la frontière se situe à environ une heure de marche. Le chemin est largement connu et de nombreux commerçants ambulants proposent de la nourriture, ainsi que d’autres bien... à trois fois leur prix. Il n’y a pas de petit profit. Heureusement, sur le chemin, une association d’aide aux réfugiés permet d’obtenir quelques produits de nécessité et des patrouilles de police protègent les migrants des vols. Suivant le chemin, puis une voie ferrée, le petit groupe traverse la frontière sans aucun contrôle pour arriver dans la gare de Gevgellja où plusieurs milliers de réfugiés font le pied de grue pour prendre un train vers la Serbie. Pour le moment, malgré la fatigue, la traversée de la Grèce et l’entrée en Macédoine est plutôt simple. Mais la suite du périple le sera moins. Plusieurs pays hostiles à l’afflux de migrants sont à traverser...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce nouvel opus, Fabien Toulmé, scénariste et dessinateur, nous livre la suite et la fin de l’Odyssée d’Hakim. Ce troisième tome d’un peu plus de 240 planches plonge le lecteur dans la triste réalité du flux de population contraint de quitter une guerre civile pour pouvoir vivre en paix et en sécurité dans un autre pays. La force de ce récit est sans nul doute la personnalité d’Hakim qui a une grande force mentale et une volonté de fer qui lui permettent de traverser toutes les épreuves qui se dressent devant lui. Au niveau du scénario, l’auteur a su rester factuel sur les différentes situations rencontrées par Hakim et son fils, sans porter de jugement sur les réactions des populations ou la politique d’accueil des pays traversés. Il n’est clairement pas trivial d’expliquer les mécanismes des crises migratoires et encore moins de trouver des solutions pour répondre à cette problématique. Au lecteur, muni de ses propres convictions, de se faire son opinion et d’imaginer sa propre réaction face aux différentes situations. Sur le plan artistique, ce dernier opus est dans la même veine que les précédents, avec un dessin plutôt simple, sans trop de détail ni fioriture, qui mène directement à l’essentiel. Difficile de ne pas être touché par cette série et en particulier par ce dernier opus qui décrit le dur périple depuis les portes de l’Europe. D'ailleurs, pour un européen qui possède des papiers en règle, il serait imaginable, aisé et en grande partie sécurisé de faire ce parcours en tant que touriste jusqu'au bord de l’Euphrate. Alors il est assez déstabilisant d’imaginer l’enfer vécu par Hakim et son fils dans les pays de l’espace Européen. Le lecteur refermera ces albums en ayant pris une belle leçon de vie.