L'histoire :
Hakim à 30 ans et il est Syrien. Dans l’attente du statut de réfugié avec sa famille, il (sur)vit à Aix en Provence. Ce jeune home, aîné d’une famille de 9 enfants, est passionné par les plantes. D'ailleurs, en Syrie, il possédait une pépinière, un joli business florissant qui lui permettait d’avoir un bel appartement et une vie aisée. Malheureusement, même si ce pays a tout pour être un petit paradis, niché entre la mer et la montagne, le gouvernement contrôle absolument tout. Il n’hésite pas à extorquer de l’argent aux entreprises ou à réquisitionner des biens pour des raisons obscures. Mais ce qui est le plus pesant pour le peuple est le contrôle systématique qui enveloppe le pays d'un voile de peur. En 2011, après la Lybie et la Tunisie, la Syrie est proche de connaître son printemps arabe. Un matin, alors qu’Hakim rentre comme d’habitude du travail, son frère le joint par téléphone pour l’informer qu’il y a eu une manifestation et que la police a installé des contrôles aux différents check-points du quartier. Laissant la voiture en périphérie, Hakim traverse les rues vides de son quartier. Son frère Jawad raconte que la manifestation pacifiste a mal tournée lorsque la police a commencé à tirer en l’air et à lancer des fumigènes. La vie d’Hakim va changer quand le gouvernement va mettre en marche le rouleau compresseur de la répression et mettre en prison des innocents sur simple dénonciation ou suspicion...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Fabien Toulmé, scénariste et dessinateur de l’album, se penche sur la problématique de la « crise des migrants ». Le déclic vient lors de l'accident du vol 9525 de la Germanwings. Ce vol régulier qui reliait Barcelone à Düsseldorf s’est crashé le 24 mars 2015 à la suite d’un acte désespéré du copilote. L’Europe est sous le choc. Les journaux télévisés dédient leurs Une durant des semaines à la catastrophe, puis se terminent souvent par quelques mots sur la mort de migrants traversant la mer Méditerranée. Le nombre de morts croît de jour en jour, sans que le peuple s’émeuve. Évidement, la Syrie, ce n’est pas très proche de chez nous. L’opinion changera bien assez vite et, bien sûr, négativement, quand ils seront aux portes de nos pays respectifs. Les flux migratoires ne sont pas nouveaux. Rappelez-vous les italiens et les espagnols fuyant leurs dictateurs respectifs ; ou même les polonais affluant massivement dans l’Est de la France pour travailler dans les mines. Pourquoi est-ce différent, aujourd'hui ? Deux éléments de réponse : l’économie n'est pas aussi florissante que durant des trente glorieuses ; et les hommes et femmes frappant à nos portes, contrairement aux autres précédemment cités, ne sont pas de la même religion. Mais là n’est pas le débat. Touché par l’indifférence générale dans laquelle ces êtres humains meurent, l'auteur de cet album souhaite savoir qui ils sont et quelle est leur histoire. Il va donc rencontrer Hakim et sa famille à Aix en Provence et nous retranscrire aussi fidèlement que possible la traversée de l’enfer de cette famille. Même s’ils sont arrivés en France, ce n’est peut-être pas fini. Le dessin plutôt simple et sans trop de détail ne sert que de support au scénario. L’histoire est tellement forte qu’elle n’a pas besoin de plus pour retenir le lecteur. Peut-être cet album vous fera t-il changer de point de vue sur les migrants. Songez que nous sommes tous des migrants potentiels.