L'histoire :
C'est en 1898 que les martiens envahirent la Terre, déclenchant ainsi l'ère superscientifique. Si la Police française emploie désormais des télépathes hindoux pour déjouer les complots anarchistes, les dangers liés à des mouvements terroristes se multiplient. Dans ce monde perpetuellement menacé de basculer à tout moment dans le chaos, de justes hommes se dressent et découvrent leur destin héroïque. Parmi eux, Theo Sinclair. Fils de bonne famille, il se résout à traquer ceux qui s'en sont pris à son père. Peu enclin à se défendre, il est fait prisonnier mais réussit à s'échapper, les coups qu'il a pris ayant déclenché une aptitude à voir dans l'obscurité... Mais il est cardiaque et ce qui devait arriver arriva. Mort d'un infarctus, il est ramené à la vie grâce à son ami Vogel-Kampf, qui lui greffe un cœur artificiel. Cette machine révolutionnaire et expérimentale lui permet de jouir de capacités physiques hors norme. Theo est désormais le super-héros que les foules ne tarderont pas à appeler « L’œil de la nuit »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec cette série, Serge Lehman rend un bel hommage au Nyctalope, personnage né en 1908 de l'imagination fertile d'Adolphe d'Espie, qui signera sous le pseudo de Jean de La Hire une trentaine de romans de cette série littéraire. Moins connu que d'autres personnages contemporains comme Fantômas ou Arsene Lupin, Leo Sinclair fut pourtant le premier super-héros de la littérature française. Le romancier-scénariste, fondateur de La brigade chimérique, lui donne ainsi une seconde vie (ainsi qu'un autre prénom), tout en respectant le contexte originel, puisque ce récit uchronique se déroule juste après 1900. Ce second volet reprend donc bien des éléments littéraires, comme les dialogues et la narration. Un flashback est même l'occasion pour Gess de reproduire les illustrations d'antan, entre gravures et mise en page à la façon d'un Alex Raymond. Notons aussi quelques doubles pages qui claquent la rétine, comme des peintures réalistes qui viennent briser le style volontairement suranné du dessin. Au passage, on ne peut pas non plus s'empêcher de penser à l'influence de Mike Mignola, ce qui ne peut être qu'un compliment de notre part... L'histoire, quant à elle, nous plonge ainsi dans un récit d'anticipation dont l'action se déroule 100 ans avant nous ! C'est précisément ce paradoxe et la façon dont il est traité qui en font son point fort. Il se dégage une forme de romantisme de ce récit d'action, qui se conclut par l'avènement de ce super-héros. De la SF à l'ancienne, des drames, des personnages au destin maudit, c'est ça L’œil de la nuit !