L'histoire :
Quelque part dans une forêt, d'étranges conciliabules réunissent deux corbeaux, une biche et un hibou. Ils évoquent le retour sur leurs terres d'un certain Charles d'Albury, ainsi que le réveil de l'Ancien. Tous s'accordent à devoir empêcher ce qui serait une véritable catastrophe... mais ils redoutent aussi que ce simple mortel de Charles ne les écoute pas. Quelques instants plus tard, l'homme apparaît, fermement résolu à ouvrir une sépulture. Dans un dernier effort, il s'adresse à ce qui a tout d'une momie : « 10 ans d'efforts pour te retrouver, vieil homme, mais dans une heure, tes pouvoirs seront à moi »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 3ème volume, Serge Lehman boucle sa série consacrée au Nyctalope, premier personnage de la littérature française à pouvoir être considéré comme un super-héros. Après bien des mésaventures, Théo Sainclair, alter ego du Saint-Clair original créé vers 1910 par Jean de la Hire, est revenu d'entre les morts. Doté d'une vison nocturne qui lui vaut son surnom et d'un cœur artificiel lui procurant une endurance et une force extraordinaires, il est ici confronté au retour d'une divinité que d'aucuns nommaient Lug. Au programme de ces réjouissances, dans un Paris fantasmatique du début du XXème, on aura droit à beaucoup d'action, une narration et des textes ciselés prenant vie grâce à de somptueux dessins. Si la trame de cette histoire fantastique est assez classique, sa narration est particulièrement fluide, imprimant un rythme d'enfer, ce qui tombe bien puisqu'on baigne en pleine démonologie. Lehman a sans doute pris bien du plaisir à truffer cet album de références historiques et iconographiques, reprises en chœur par un Gess en grande forme. Si Clémenceau et Fantômas son cantonnés à des rôles de figuration, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'on tient là une histoire que le grand Mike Mignola n'aurait pas reniée ; sans même parler de ces premières planches animalières dont le dessin est un évident hommage à Corben. Bref, ce dernier album de la série est rudement bien fait. Il vous charme comme une invocation chamanique et il s'en dégage un irrésistible parfum d'aventure rétro. Un dernier volume, vraiment ? On ne saurait s'y résigner !
