L'histoire :
Un quinquagénaire quadrope (un être humanoïde à la peau bleue, pourvu de 4 jambes), observe avec amertume sa planète Okkar. Celle-ci est devenue un vaste chantier d’armement militaire, dès lors qu’elle a été conquise par les bipèdes. En effet, depuis que l’homme gouverne la galaxie Rosebund toute entière, ceux de race ont été asservis, méprisés et exploités par l’homme. La révolte gronde en lui et il a un plan, qui passe par son fils Zeland. En effet, un voyage initiatique de deux mois dans l’espace est programmé pour 8 rejetons des plus hauts dignitaires humains d’Okkar… et Zeland sera leur mécano. Son père lui demande d’être un observateur attentif, de se plier à leurs 4 volontés, à leur arrogance, tout en analysant leurs faiblesses. Zeland accepte. Le lendemain, le dictateur généralissime Hizatte (un nain balafré) lance avec fanfare, devant une foule soumise en liesse, le programme annuel de formation des jeunes. Les 8 élèves spationautes, accompagnés du quadrope mécano Zeland et du robot instructeur Otto 6, prennent place à bord d’un Sloughi, qui décolle. A bord, Zeland prend rapidement la mesure de la vanité qui anime ces jeunes : chacun veut asseoir son autorité sur son voisin, sans vergogne. Pourtant, ils vont devoir apprendre à se respecter et à s’organiser, car « l’Ogregod » approche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’avantage des scénarios signés Alejandro Jodorowski, c’est qu’ils ne perdent pas de temps pour entrer dans le vif du sujet. En 6-7 pages, on accroche… ou pas. Car a contrario, l’inconvénient c’est qu’ils appartiennent systématiquement au même moule : toujours les mêmes thématiques (les égos boursouflés, l’arrogance de l’homme, les technologies grandiloquentes), toujours la même construction linéaire des récits et la même psychologie basique des personnages. Serait-ce que pour lui, l’homme est finalement très basique ? Désormais publié chez Delcourt, le célèbre scénariste s’appuie pour cette nouvelle série de SF prévue en 4 tomes, sur le talent graphique de son compère des Technopères (8 tomes), Zoran Janjetov. Le dessinateur utilise cette fois un trait de dessin réaliste et précis, moins infographique, pour un rendu cohérent et convainquant de bout en bout. Les plans dantesques répondent une nouvelle fois présents (les vaisseaux p6 et p47, la cérémonie p10, les bizarreries des planètes p29 et p36) et c’est précisément ce qu’on attend de la science-fiction. Pour ceux qui auront lu entre les lignes, l’Ogregod est en vérité une (très) libre adaptation du roman Deux ans de vacances de Jules Verne ! (la trame est confirmée par le nom du vaisseau/navire : le Sloughi). Echouée en territoire inconnu et hostile (l’île est ici remplacée par cet « Ogregod » encore imprécis, mais au nom évocateur), une bande de djeunz va devoir apprendre à se respecter, s’organiser et ravaler son arrogance. Reste à voir la marge de liberté que s’accordera Jodo sur ce canevas…