L'histoire :
En 1939, quelque part dans un coin perdu des Etats-Unis, Albert Einstein est interrompu dans son entrevue avec une ravissante jeune femme par deux vieux amis, anciens élèves à lui, Eugene Wigner et Leo Szilard. Leur cachant la présence de la jeune femme, Einstein les accueille avec ferveur. Ceux-ci sont venus lui expliquer que des chercheurs français ont réussi à se servir de la fission d’uranium pour mettre en évidence les neutrons secondaires, ce qui pourrait les mener à la bombe atomique. Malgré les protestations des Américains, les chercheurs français ont publié leurs découvertes, ce qui fait les choux gras des savants nazis qui, eux, ne publient plus rien depuis des années et n’auront aucun scrupule à créer la bombe. Einstein ne semble pas les prendre au sérieux et rit de leurs inquiétudes. Sous prétexte de réfléchir à leur proposition, qui est d’écrire à la reine de Belgique pour la mettre en garde des projets allemands visant les mines d’uranium au Congo belge, le génie se retire dans son bureau. Là, l’attend la jeune femme qui est bien plus mystérieuse, mais qu’Einstein a déjà rencontrée, il y a longtemps…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Albert Einstein, découvreur de la théorie de la relativité, est le centre de ce 6ème et dernier contre-rouage de l’histoire, dont le rouage invisible et omniprésent est Adolf Hitler. Américains, nazis et Veilleurs se livrent un combat sans merci pour découvrir le secret de la bombe atomique, que le facétieux vieillard a soigneusement caché. Mais ses secrets personnels parsèment la vie tumultueuse d’Einstein et il n’est pas aussi solide qu’il le croyait. Pour ce dernier face à face, Damien Pérez et Sophie Ricaume se servent de ce que l’on sait d’Einstein, notamment son attrait pour les jeunes femmes ; et de ce que l’on sait moins : sa première vie avec sa femme Mileva, chercheuse comme lui, et son premier enfant dont on ne sait rien. Le piédestal sur lequel on porte Einstein vacille et c’est là l’intérêt de l’aventure, même si le scénario est bien mené, avec un récit à tiroirs, deux mondes qui s’entrechoquent, celui des amis Wigner et Szilard, et celui de Nancy la veilleuse, ainsi que de nombreux flashbacks assez faciles à suivre. C’est agréable à suivre et bien mené, mais l’intrigue est somme toute difficile à avaler, comme les personnages des veilleurs, peu crédibles en général, confrontés aux grandes théories de leur siècle. L’épilogue achève le Grand Œuvre sur une pirouette, ce qui est finalement dans la lignée de la série, plutôt frustrant. La bouille du savant, sous la plume de Gabriel Ippoliti, est assez sympa. Les dessins sont agréables, les couleurs un peu éthérées donnent un côté onirique qui ne convient pas vraiment au récit. C’est tout de même assez beau et facile à lire, peut-être un peu statique toutefois. On sort finalement de ce tome comme des autres, sans avoir l’impression d’avoir perdu son temps, mais sans le sentiment d’avoir vécu une grande aventure non plus. C’est dommage.