L'histoire :
Bois-le-duc, an de grâce 1504. Le peintre Jérôme Bosch est pris de terribles visions. Complètement dépassé, impuissant à en comprendre le pourquoi, il décide de se rendre chez son frère Goossen pour se confier. Jérôme lui raconte alors que tout a commencé lorsque le bon roi Philippe Le Beau lui commanda un tableau pour sa chambre à coucher. Jérôme avait pour mission de représenter un Jugement Dernier montrant les affres de l’enfer. Le peintre se mit alors à l’ouvrage. Mais à peine le travail entamé, la représentation du tableau s’est transformée, d’odieuses figures remplaçant les anges ! Fruit de son imagination ou œuvre d’un ennemi caché ? Peu importe, voilà l’artiste angoissé, submergé par des visions peuplées de créatures démoniaques, de monstres diaboliques et d’anges égorgés : tous ces fantômes veulent détruire ce « petit peintre, violer sa raison ». Revenu à la réalité, sa femme Aleyt, son frère Goossen et Lubbert son assistant, pensent qu’il est devenu fou. Rien de mieux qu’un peu de repos pour se remettre d’aplomb. Bosch quitte alors le foyer familial. Mais sur le chemin, il est de nouveau assailli par deux démons… Jérôme Bosch va peu à peu apprendre à ses dépens qu’il est le malheureux élu d’un complot visant à réguler l’équilibre du monde…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le pitch, à la fois simple et complexe, de cette énième série historico-esotérico-fantastique prévue en 7 tomes, semblait tiré par les cheveux. Pensez-vous donc : un cadre historique authentique mettant en scène des figures célèbres, de Charlotte Corday à Talleyrand, en passant par Einstein, opposés à l’Ordre du Chaos, une secte tirant les ficelles du monde et investie d’une mission humaniste, évidemment vite dévoyée, au grand dam de son fondateur Euzébius ! En jeu : l’équilibre du monde. Pour support : un Jérôme Bosch esclave d’un destin qui le dépasse, jouet de forces obscures, à la fois acteur, témoin et victime d’un présent apocalyptique. Le tout s’inspirant du mythe de la caverne platonicienne, Bosch agissant sur la foi de ce qu’il croit être la réalité, et qui n’en est en fait qu’une ombre trompeuse ! Le récit aurait pu être lourdingue et brouillon, il se révèle finalement assez plaisant, soutenu par un rythme fluide, une cohérence d’ensemble et une belle qualité de mise en images. On se demande encore si Jodorowski ne s’est pas invité sur certaines planches, tant l’imagination des auteurs parait féconde (ou délirante ?). Si le scénario, assez classique, ne déborde pas d’invention narrative (rouages, contre rouages et jeu de masques), le dessin, quant à lui, attire l’œil par sa précision et sa densité, malgré une mise en couleur parfois terne, qui aurait pu gagner en nuance. Sans réelle surprise, un peu lourd par moment mais néanmoins prenant, avec juste ce qu’il faut de vérité historique et de fiction ésotérique, l’Ordre du chaos fait passer un moment divertissant. Pas le chef-d’œuvre du siècle, non, mais du travail bien fait. Rendez-vous donc à l’automne, cette fois-ci avec le sulfureux Machiavel opposé à Savonarole…