L'histoire :
En janvier 1515, le roi Louis XII meurt sans que sa jeune épouse, Marie Tudor, ne lui ait donné d’enfant. Sa cousine Louise de Savoie attendait cet heureux événement depuis plus de 20 ans. Car selon les règles de succession au trône de France (la loi salique), c’est son fils François qui est appelé à régner. Or François se prête avec légèreté à l’exercice du pouvoir. Il préfère de loin s’adonner au marivaudage… et écoute distrait ses conseillers au sujets des tensions vives entre les royaumes voisins d’Italie et les cantons suisses. A cette époque, les suisses combattent en mercenaires tantôt pour les milanais, tantôt pour les gênois, tantôt pour les français… qui n’ont du reste pas honoré leurs derniers engagements. En septembre 1515, après s’être assuré de l’alliance des vénitiens, des lansquenets allemands et avoir reconstitué une armée solide et une forte artillerie, le jeune roi François 1er décide d’aller reprendre Milan. Son armée traverse les Alpes et fait fuir les milanais qui avaient eux aussi établi un camp sur les contreforts des Alpes. Mais ce sont les suisses qui attaquent par surprises, du côté de Marignan, le 13 septembre 1515. Le chevalier Bayard, le plus belliqueux des chefs de guerre de François 1er, est pressé d’en découdre. L’artillerie française débute les hostilités. La cavalerie emmenée par le connétable de Bourbon, avec des centaines de soldats en armures, enfonce le clou. Le choc est rude et dure jusqu’à la nuit. Le lendemain dès l’aube, les deux armées reprennent le combat. Soudain, l’armée vénitienne surgit en renfort pour les français… C’est une victoire. Sforza se réfugie dans la citadelle de Milan, qui capitule. Les français, Bayard en tête, sont impitoyables et achèvent les blessés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième opus de la Couronne de France se repose sur deux règnes majeurs, en deux longs chapitres qui auraient pu constituer chacun un album de 56 pages. Au scénario, l’érudit Jean-Pierre Pécau commence par nous raconter le règne de Francois 1er (1515 - 1547). Or celui-ci a débuté de spectaculaire manière avec la bataille de Marignan, la date de l’Histoire la plus connue des français. Cette « prestigieuse » victoire occupe une bonne partie du récit. Moins connue est la défaite de Pavie, lors de laquelle le frivole et écervelé François fut fait prisonnier… Sa libération coûta ensuite des années de marasme au royaume de France. Si la narration est entraînante, le roi ne sort guère honoré de cette présentation qui occulte totalement son immense apport culturel au pays (où est passé Léonard de Vinci ? On voit à peine la construction de Chambord…). Ce parti-pris à charge frise l’entourloupe. Les 3 rois suivants (Henri II, François II, Charles IX, Henri III), qui couvrirent tout de même un demi siècle d’Histoire, sont ensuite très (très) rapidement évoqués… Le second chapitre beaucoup plus décousu revient sur les années d’Henri IV (1589-1610), avec tout de même une parenthèse en flashback sur le massacre de la Saint Barthélémy (23 août 1572). Son règne est surtout marqué par le règlement compliqué des guerres de religion, qui l’obligent à des compromis. Régulièrement, le siècle couvert par cet épais volume est hanté par le personnage du moine noir Jacques, qui complote et s’efface – symbole des jacqueries régulières (les Pitauds, les croquants…), les guerres incessantes étant financées par l’impôt. Bref, il vaut mieux bien connaître en amont l’Histoire des rois de France avant de découvrir celle-ci partielle, orientée et souvent nébuleuse de Jean-Pierre Pécau. Heureusement, le dessin réaliste et documenté est toujours très agréablement assuré par Roberto Viacava – et la colorisation par l’expérimenté Bertrand Denoulet. Notons aussi la mirifique couverture d’Ugo Pinson, à peine crédité au générique.