L'histoire :
Philippe, le fils du seigneur Yves de Crécy, héros de la 3ème croisade, explique à son père qu’il a pris la décision de partir à son tour en Terre Sainte pour la débarrasser des infidèles. Et son obstination est grande, malgré les réticences de son père, qui a compris que les croisades étaient de vaines et abominables opérations. Philippe enfourche son destrier et quitte le château. A la ville la plus proche, il s’achète une tunique blanche arborant une grande croix rouge. Puis il fête son départ dans une taverne, achète quelques vivres pour le trajet, passe chez le maréchal-ferrant et s’aperçoit alors qu’il a déjà vidé sa bourse. Qu’à cela ne tienne, étant donné sa juste cause, l’hospitalité et le gîte lui seront forcément offerts tout au long de son voyage. Hélas, Philippe chemine par une météo pluvieuse, il attrape une mauvaise toux et doit dormir à la belle étoile, car les aubergistes n’ont que faire de son engagement de croisé. Pire : il a maille à partir avec d’autres croisés qui se rendent compte de sa naïveté… et il perd son cheval dans un éboulement. Il finit néanmoins par atteindre Rouen, où il négocie de pouvoir embarquer à bord d’un navire marchand vers Venise, contre un magnifique poignard doré légué par son grand-père. La traversée se déroule sans encombre, mais Philippe doit de nouveau ravaler sa fierté et sa fougue en arrivant à Venise, où les croisés sont nombreux à se regrouper, mais le doge réticent à leur accorder des subsides…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et la couverture sont explicites : La croix sanglante prend pour contexte la IVème croisade vers la Terre Sainte, qui s’est déroulée à l’appel du Pape Innocent III entre 1202 et 1204. Celle-ci passera par Venise, à l’époque un puissant état commerçant dirigé par le Doge Enrico Dandolo. Or plus que le Pape ou les chrétiens, c’est Venise qui tirera profit (commercial !) de la prise de Constantinople, notamment en échangeant aux croisés des moyens militaires contre la prise de Zadar (en Croatie). C’est ce dévoiement des croisés en mercenaires que raconte ce premier opus, à travers la naïveté et l’orgueil du fougueux Philippe, fils d’un seigneur français. Le quatuor d’auteurs est slave, mais parfaitement rompu aux techniques du 9ème art. Le dessin encré et réaliste s’inscrit dans une mise en scène particulièrement soignée, détaillée et immersive, notamment lors des nombreuses scènes de foule. On peut cependant regretter que la narration soit un peu « fade ». Les scènes d’action s’avèrent rares, il faut attendre les dernières pages pour que l’adjectif « sanglant » trouve son sens. En revanche, les palabres sont très nombreux et finalement peu didactiques. Faute de dates ou de personnages historiques bien définis (le doge mis à part), la vocation de la série n’est semble-t-il pas pédagogique. Quant au héros Philippe, il est impulsif et immature, il se fait piquer la vedette par Martin de Blois, sosie hollywoodien de Tom Selleck dans Magnum. Le second tome à venir devrait nous faire entrer de plus sanglante manière dans l’horreur de la IVème croisade.