L'histoire :
OGM, pour « Organisme Génétiquement Modifié ». Ces trois lettres déchaînent les passions, depuis la découverte de la structure de l'ADN dans les années 50. Un scénariste de BD évoque auprès d'un ami dessinateur, le documentaire alarmant qu'il a regardé la veille sur les pratiques ignobles de l'industriel Monsanto. A la terrasse d'un café, tous deux reconnaissent la controverse sur le sujet et ils décident d'en faire le tour à travers une bande dessinée. Tout d'abord, un historique s'impose : l'ADN fut découvert en 1953, et son premier découpage et ré-assemblage fut réalisé en 1970. Dès les années 70, les scientifiques se sont rendus compte des incroyables répercussions de la technique sur l'équilibre de la nature, et des problèmes éthiques qu'engendre le brevetage d'un organisme vivant. Or, dès lors qu'il y a brevet, les OGM représentent une manne économique non négligeable... Dès lors, la confusion est instillée, sous couvert du progrès qu'ils représentent pour les enjeux démographiques. Il faut pourtant bien différencier les OGM utilisés en recherche fondamentale (indispensable, pour mieux les comprendre), les OGM qui servent le domaine médical et ceux que des entreprises comme Monsanto commercialisent en mass dans l'agro-industrie, sans aucune précaution, à des fins mercantiles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre et le résumé ci-dessus sont explicites : cet ouvrage propose de lever le flou artistique qui entoure le sujet des OGM à travers une bande dessinée, médium on ne peut plus pertinent pour l'expliciter à l'égard d'un large public. Pour satisfaire à l'exercice de la BD documentaire, le scénariste Mickaël le Galli et le dessinateur Mike se mettent régulièrement en scène eux-mêmes, comme pour rattacher plus encore leur sujet de notre actualité brûlante. La controverse autour des OGM écrit en effet son histoire en temps réel et on pourrait presque ajouter un chapitre chaque année... Ils exposent préalablement leur démarche didactique sous couvert de neutralité, puis s'emploient à aborder la question en plusieurs grands chapitres. Tout d'abord un historique de la technique revient également sur sa définition et ses implications. Ensuite, une longue seconde partie expose la « guerre » industrielle qu'elle a provoqué : l'éveil des conscience par l'américain Jeremy Rifkin, l'utilisation lucrative par Monsanto, le problème qu'il a généré sur les producteurs de coton indiens, sur le maïs mexicain, l'implication du français José Bové en France... auquel ils consacrent un 3e long chapitre. Celui-ci revient sur nos débats parlementaires et ministériels, les faucheurs volontaires, le grenelle de l'environnement, l'utilisation futée des médias par Bové pour servir la cause paysanne traditionnelle. Mike illustre l'exposé magistral de le Galli, à l'aide d'un style simple et très lisible et une mise en couleur soignée, adoptant tour à tour un traitement très morcelé, schématique, mis en scène ou caricatural... même si Mike n'est pas vraiment le roi de la caricature. Mais ce n'est pas plus mal, l'axe humoristique étant tout à fait hors de propos. Plus de 150 pages plus tard, on y voit donc un peu plus clair, même si certains débats y auraient sans doute gagnés à être édulcorés. Et forcément, la neutralité n'est plus possible...
