L'histoire :
En pleine nuit et sous des trombes d’eau, un véhicule freine brusquement sur la chaussée et s’immobilise. Une femme en escarpin et tenue de soirée sort du véhicule et avance dans la nuit noire. Trempée jusqu’aux os, ignorant les appels à l’apaisement de son compagnon, Alice ne décolère pas. Dans une voiture venant en face à vive allure, trois jeunes partagent des bières et des joints. Habitué des lieux, le conducteur n’est pas très attentif à la route jusqu’au moment où une silhouette apparaît soudainement dans son champ de vision. Tentant une manœuvre désespérée, le conducteur parvient à éviter de justesse la femme sur la route, mais elle perd le contrôle de son véhicule et part en tonneau dans le talus. Sous le choc, l’un des passagers traverse le pare-brise avant. Alice est figée sur place, sous le choc. Alex, son compagnon, accourt pour la mettre à l’abri dans la voiture et s’élance sans réfléchir vers le véhicule pour porter assistance. Arrivé sur place, il est pris de haut-le-cœur et ne peut refréner un vomissement. L’un des occupants a été décapité. Voyant qu’il n’y a plus rien à faire, Alex retourne à son véhicule pour appeler les secours. Une fois dans l’habitacle, Alice, les yeux encore dans le vague, le supplie de partir car elle ne saurait pas mentir aux secours. Le jeune homme obéit et le jeune couple fuit le lieu de l’accident.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les auteurs de La Guerre nous offrent un one shot focalisé sur un couple parfait en apparence et qui va révéler ses travers les plus inavouables au cours du récit avec élément déclenchant un malencontreux accident. Ce drame psychologique n’est pas aisé à appréhender. Le scénario de Thomas Cadène est complexe. La mécanique qui pousse le couple dans sa folie destructrice est induite, mais les clés de compréhension ne sont pas vraiment fournies dans le texte. Difficile d’expliquer la longue descente aux enfers par le seul accident. Un chaînon du récit semble manquant et le fil directeur du scénario se perd dans un enchaînement de situations au sujet duquel le lecteur est complétement dépassé. L’aspect graphique de l’album est confié à Loïc Sécheresse. L’auteur nous enferme dans son univers graphique particulier et unique, dans la même veine que son précédent album Ys, aux éditions Delcourt. Avec un trait tirant plus sur la suggestion, Sécheresse nous plonge dans la noirceur de l‘âme. Évidemment, l’univers graphique est particulier, voire binaire, et ne fait pas dans la demi-mesure. Le trait ne plaira certainement pas à tout le monde mais il a cette force et cette particularité d’être différent. Cet ouvrage très particulier, autant sur le fond que sur la forme graphique, est intéressant, mais très difficile à s’approprier lors de la première lecture.
