L'histoire :
En 1897, la jeune et distinguée Nora de Wing rejoint un institut d’études psychiques de Londres, afin d’y peaufiner son attirance pour l’indicible et ses talents de médium. Elle y fait deux rencontres éclairées : l’artiste Francesco Guibilati et l’écrivain Henry James. Elle y subit également une expérience spirite redoutable : son esprit, son existence même semble se confondre avec celle d’une madone dessinée par le peintre florentin Giovanni Pellini. Quelques semaines après qu’elle ait disparue aux yeux de ses nouveaux amis artistes, on la retrouve en train d’animer un atelier de théâtre au sein d’un orphelinat, sous le prénom de miss Antonia. Dans les sombres entrailles de l’institut, le directeur Mr Lawrence semble nourrir de mystérieux desseins à son égard… Il conserve notamment une toile inachevée, qui se reconstitue progressivement, au fil d’étrange phénomènes occultes. Déconcertés par la singulière disparition de Nora, Henry et Francesco mènent leur petite enquête. Ils découvrent notamment que les Smith, des domestiques éconduits et alcooliques, sont représentés sur un crayonné contemporain au peintre, qui date donc de plus de 4 siècles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir débuté sous la bannière Robert Laffont, le diptyque La Madone de Pellini se conclut aujourd’hui chez Delcourt. Au passage, le dessinateur italien Riccardo Federici n’y perd rien de son talent : ses planches sont léchées, criantes de réalisme et soulignent formidablement la fantasmagorie recherchée. Au travers d’une intrigue noyée dans l’ésotérisme, le propos était de relier l’envoûtement qui exhale de l’œuvre du peintre Giovanni Pellini, au goût pour l’occultisme de l’écrivain Henry James. Certes, l’hommage à ces deux artistes, séparés par 4 siècles d’intervalle, est effectif. L’ambiance, fantasmagorique à souhait, est prégnante de bout en bout. De même, le soin apporté à ces multitudes de portraits, souvent véritablement ensorcelants (les regards !) démontre le sérieux de l’entreprise. Hélas, c’est du côté du scénario, barbant et inextricable au possible, que se trouve la limite de l’exercice. Le registre de l’ésotérisme a cela d’inhérent qu’il permet d’étendre un voile de confusion sur les époques et les actes… De fait, en dépit de dialogues soignés, on s’imprègne plus de l’atmosphère obsédante, qu’on comprend exactement de quoi il retourne.