L'histoire :
Le baron de Munchhausen est né en 1720 à Bodenwerder. Formidable conteur, grand exagérateur, il s’engage au service du prince de Brunswick dans la guerre contre les Turcs. Il commence à raconter ses histoires, des campements jusqu’aux salons. Après les guerres, il rentre chez lui où l’attend son épouse, à qui il promet de ne plus passer des nuits entières au troquet pour raconter ses aventures farfelues. Mais ses aventures vont venir à lui, sous la forme d’un livre. En effet, elles ont été retranscrites, par un certain Rudolf Raspe et imprimées en Angleterre, puis en France, et enfin en Allemagne. C’est ainsi que livre richement relié se retrouve dans les marchandises d’un colporteur qui arrive à Bodenwerder. Les habitants n’en croient pas leurs yeux et invitent le jeune à rester à l’auberge. Tous les notables de la ville vont alors essayer de convaincre le Baron de venir raconter ses aventures au colporteur qui a lu de nombreuses fois le livre. Mais le vieil homme est têtu comme une mule, et surtout, il a fait une promesse. Ce qui ne l’empêche pas de distiller, au compte-gouttes, quelques friandises à ses interlocuteurs…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Monument de la littérature germanique, voire mondiale, Les aventures du Baron de Munchhausen représentent le recueil ultime de contes, puisque le narrateur s’y met lui-même en scène pour prendre à parti ses lecteurs. C’est un chef d’œuvre immortel, drolatique, qui rappelle les poèmes de Cyrano de Bergerac tout en apportant une extraordinaire dimension comique. Jean-Luc Masbou (De cape et de crocs, Monster Club…) choisit de mettre le conteur face à sa propre légende, dans une mise en abîme particulièrement jouissive. Confronté à ses histoires, Munchhausen apporte lui-même de nouvelles aventures et en précise certaines autres. Il se prend surtout à se demander ce qu’est devenue sa vie. Il prend à certains moments la figure mélancolique, à deux doigts du pathétique qu’en donne Terry Gilliam dans son adaptation de 1988. Mais c’est pour mieux rebondir, flamboyant. Le suspense tient en haleine le lecteur, non pas de savoir s’il va aller raconter ses aventures dans l’auberge – comment pourrait-il en être autrement ? – mais surtout s’il a réellement chevauché un boulet comme toutes les premières pages de livres l’illustrent… La question brûle les lèvres du colporteur. Graphiquement, Masbou livre une prestation magnifique, avec une introduction bourrée de clins d’œil, puis un développement à la fois précis et léger, qui rappelle les gravures des livres d’antan, avec un dynamisme bluffant. Ses personnages sont tous hauts en couleurs, et chaque histoire est racontée dans un style graphique à part, avec de longues citations du texte original. Le lecteur s’apercevra alors du confort de lecture offert par ce récit. C’est une magnifique surprise que fait là Masbou. A lire, absolument !
