L'histoire :
En ce début d’été 1929, à Mérandac, au beau milieu de la campagne bordelaise, 4 pupilles de la nation pensionnaires de l’école d’agriculture décident de marauder dans le château du Comte. Chacun a des motivations bien différentes. Jules, adepte de la rapine, profite de cette virée pour reconnaître les lieux. Les frères Blondiau, pour leur part, ne rêvent que de la généreuse poitrine de Violette Morris, une aviatrice athlétique très masculine, contrainte à atterrir d’urgence dans les champs de Mérandac et hébergée par le châtelain. Marcel Dusquenne est quant à lui tombé sous le charme de la pétillante Jeanne Drumont, la fille du Comte. Il espère, par ces sorties nocturnes, faire plus ample connaissance. Jeanne est une jeune femme moderne, féministe et adepte de peinture de nus. Surpris par la sculpturale aviatrice en pleine nuit, les 4 adolescents échappent à la sanction grâce à la Goule, le surveillant d’internat, mutilé de guerre, qui les couvre. En échange de son silence, il demande aux 4 jeunes garçons de retourner au château pour dérober le contenu d’un coffre à bijoux. Marcel refuse de participer à ce larcin et il va s’en expliquer avec la Goule. Il souhaite également connaître l’origine du tableau qu’il cache dans sa chambre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Encore un superbe et fascinant scénario de Wilfrid Lupano (Alim le tanneur, L’assassin qu’elle mérite, L’homme qui n’aimait pas les armes à feux) élaboré de magistrale manière. Campé dans un contexte de campagne française entre les deux guerres, de crise économique sévère, avec l’émergence des nationalismes, ces adolescents orphelins, un peu turbulents et élevés à la dure, ont du grandir prématurément, ce qui leur donne du relief et attribue de la densité, de la profondeur au récit. Les personnages secondaires (même si il n’y a pas vraiment de premiers et de seconds rôles) sont hauts en couleurs : une jeune comtesse féministe émancipée, un surveillant d’internat défiguré dans les tranchées de la grande guerre, ou encore cette aviatrice aux allures de nageuse chinoise gonflée aux anabolisants. En aparté, signalons que Violette Morris est une sportive complète au palmarès impressionnant, qui a vraiment existé (elle a été recrutée comme agent des nazis : tortionnaire de résistantes, elle sera surnommée la hyène de la Gestapo). Dans le second volet de ce diptyque, la fine équipe des 4 adolescents, se trouve temporairement dissoute et ils ne suivent pas nécessairement le même chemin. Le dénouement est quelque peu prévisible, mais il est bien amené. Le dessin de Morgann Tanco (que Lupano a rencontré par le plus grand des hasards, puisqu’ils étaient voisins de palier) est dynamique et les cadrages presque cinématographiques sont habiles. La scène de démonstration de conduite par Violette Morris est tourbillonnante et les couleurs vives (de Lorien) donnent de la vie aux différentes scènes. Cette série annoncée sur plusieurs cycles verra grandir le groupe d’adolescents sur des chemins plus ou moins droits…
