L'histoire :
Corleone, Sicile. Le 11 septembre 1943. Un modeste paysan travaille honnêtement dans son champs, tout comme l’ont fait auparavant son père et son grand-père. Avec lui, ses fils Gaetano, Francesco et Salvatore. En rentrant du dur labeur, le jeune Toto découvre sur le chemin du retour quelque chose qui brille dans la terre : c’est un obus allemand. Les alliés avait débarqué deux mois auparavant. Les anglais avaient foncé jusqu’à Messine tandis que les américains avaient progressé jusqu’à Palerme dans le fracas des bombes et de la destruction. Les allemands, qui campaient non loin de Corleone, avaient fini par partir après des combats rudes et acharnés sous une pluie d’obus. Le père de Salvatore ramasse l’obus avec Gaetano et Francesco afin de l’attacher dans un sac de jute sur la mule de la famille. De retour à Corleone, le jeune Toto est pris à parti par une bande de gamins désœuvrés qui se moquent ouvertement de lui et de sa petite taille en l’appelant U Curto (le petit) car son petit frère Francesco est sur le point de le dépasser. Laissant son père et ses frères s’avancer vers le domicile familial, le jeune garçon décide d’en découdre avec Di Mato, le chef de la bande. En l’espace de quelques secondes, une pluie de coups de poings s’abat sur Di Mato qui se retrouve inconscient au sol. Dès lors, Toto sera affublé d’un nouveau surnom : La Belva. Le fauve. Arrivé chez lui, son père fait malencontreusement tomber l’obus allemand au sol... tout explose !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le 15 janvier 1993, le parrain des parrains de la mafia, Salvatore Riina, alias La Belva (Le Fauve), est arrêté par la police dans la ville de Palerme, où il vivait reclus avec toute sa famille. En plus d’avoir déclenché une guerre contre les autres familles mafieuses, mais aussi contre l’état Italien, qui a fait plus d’un millier de victimes, l’homme est aussi accusé d’avoir commandité plus d’une centaine de meurtres dont ceux des juges antimafia Giovanni Facone (1992) et Paolo Borsellino (1993). À la fin de son procès, Toto Riina écope de la prison à perpétuité, puis meurt d’un cancer en 2017 à la prison de Parme. Comment ce fils de paysans de Corleone a-t-il pu se hisser dès les années 1970 à la tête de la Cosa Nostra, la terrible Mafia sicilienne ? C’est ce que le scénariste Jean-David Morvan explique dans Le Fauve De Corleone en se penchant sur la vie de Salvatore de sa tendre enfance jusqu’à la fin de sa vie dans une prison de haute sécurité. Les artistes Facundo Percio, Facundo Teyo et Vladimiro Merino optent graphiquement pour des crayonnés charbonneux efficaces, avec des couleurs volontairement ternes pour coller aux ambiances mortifères du récit au fil des exactions de Toto Riina. Au-delà d’être une BD palpitante, Le Fauve de Corleone prend aussi la forme d’un documentaire qui retrace en détails la vie du parrain des parrains, afin de tenter de comprendre comment ce fils de paysan est devenu un véritable monstre avide de violence et de pouvoir.
