L'histoire :
28 mars 1865. En pleine guerre de Sécession, cinq personnages sont faits prisonniers par les Sudistes : l'ingénieur Cyrus Smith, son domestique Nab, le journaliste Gédéon Spilett, le marin Pencroff et l'adolescent Harbert, sans oublier Top, le chien de Cyrus Smith. Mais un mystérieux individu se présente à eux avec des armes et leur propose de fuir Richmond, (capitale des Confédérés, assiégée par les Nordistes) à l’aide d’un dirigeable. Les cinq captifs acceptent la proposition. Il s’ensuit une lutte pour le moins musclée au terme de laquelle le mystérieux allié va succomber à ses blessures. Quant aux prisonniers, ils parviennent à s’échapper malgré les tirs et doivent affronter pendant 4 jours une terrible tempête. Afin d’éviter les obstacles, ils ont été obligés d’alléger le ballon en se séparant de la nacelle. Peu après, s’apercevant du caractère inopérant de la manœuvre, Cyrus décide de se jeter dans le vide, toujours dans le but d’alléger le ballon. Finalement, les aventuriers échouent sur une île déserte, sauvage et isolée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet album était attendu depuis la parution de La Licorne, série dans laquelle Mathieu Gabella fait preuve d’un certain talent. Le Mystère Némo reprend la trame narrative du célèbre roman de Jules Verne L’île Mystérieuse, elle-même inspirée de Robinson Crusoë de Daniel Defoe. Dans ce tome séduisant, le scénariste décline les thématiques classiques du roman d’aventure : le rôle fécond de la nature (voir la scène de chasse), la lutte pour la survie (du Koh-lanta version BD), la quête d’humanité et de liberté. L’auteur insiste en particulier sur la dimension scientifique de l’aventure, se détachant ainsi peu à peu de l’œuvre originale : Cyrus, le savant, et Némo, l’Indien, symbolisent le progrès, valeur phare de la révolution industrielle. Vous apprendrez à allumer du feu, à calculer latitudes et longitudes grâce à Thalès, et à utiliser le procédé magnétohydrodynamique en pleine jungle. Rien d’étonnant à cela pour les amateurs de La Licorne, qui plongeait déjà les lecteurs dans l’univers de la science en général et de la médecine en particulier. A partir de là, le scénario se démarque réellement du roman de Jules Verne. En introduisant subtilement la science et la technique dans un espace vierge et sauvage, l’auteur nous emmène dans un univers original, conjuguant nature et culture, science et fantastique. La narration s’en trouve d’autant plus riche et dynamique. A un scénario solide se greffe un dessin vivant signé Kenny. Le coup de crayon fait clairement apparaître les influences manga, conférant ainsi au récit des allures naïves et innocentes idoines, finalement rafraîchissantes. Le récit est par ailleurs mis en valeur par une colorisation plaisante et élégante signée Maz, alternant les nuances de bleu, de vert et de rouge, entre terre et mer, eaux et feux. C’est là un pari réussi. Bref, l’ensemble est propre, soigné et on attendra la suite avec hâte… Bon voyage !