L'histoire :
Depuis toute petite, Zara, une fillette métisse, a deux passions irrémédiables : dessiner et s’émerveiller devant les animaux de la nature. Etant donné que ses parents vendent du matériel pour les artistes depuis trois générations, elle n’est jamais à court de matière pour dessiner. Et évidemment, elle dessine plutôt des animaux et des personnages. Elle en fait même un peu trop, en dessinant tout le temps et un peu partout, en débordant des cahiers, en dessinant sur les tables, sur les murs… et en courrouçant ses parents qui sont obligés de tout nettoyer derrière. Un jour, au terme d’un goûter d’anniversaire vraiment trop consacré à la peinture (avec ses copains et ses copines, ils en mettent partout !!), les parents de Zara prennent une décision : elle n’aura plus le droit qu’aux crayons de couleur. Fini la peinture. D’ailleurs, les pots sont désormais rangés sur une haute bibliothèque de la réserve, à la cave, et elle ne peut plus les attraper. Un peu triste, Zara prend son mal en patience et continue de s’intéresser aux animaux en pleine nature ou dans les bouquins. Et puis un jour, elle est suffisamment grande pour attraper la première rangée de pots de peinture de la cave – certes, sur la pointe de pieds et grimpée sur une chaise. Elle décide dès lors de s’employer à réaliser une grande œuvre, la nuit, en secret, au second étage de leur maison, vide et inoccupé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’une passion débordante, dévorante, toute-puissante pour le dessin, dont est éprise une fillette métisse. Zara dessine partout et tout le temps, plutôt des animaux, et elle transgresse tous les interdits parentaux pour assouvir cette pulsion. Les bases scénaristiques de Fred Bernard sont classiques : les bambins qui dessinent n’importe où et tout le temps pullulent sur la planète. Mais le cadre artistique parental et leur reconnaissance d’un talent prodigue se mettent autant en cohérence avec cette histoire, que la découverte autodidacte des mélanges fait sens avec l’éveil graphique de la fillette. Transportée par la nécessité de se réaliser, l’attachante et pétillante Zara part du bleu (la teinte la plus rare dans la nature) et découvre le vert en y ajoutant du jaune. Et lorsque son parcours initiatique lui donne accès au rouge, elle se sent encore plus libérée par l’infinie palette créative qui s’offre à elle. Mais surtout, la large palette graphique de Benjamin Flao, lui-même artiste d’exception, accorde un émerveillement visuel à cette histoire jeunesse issue de la collection Les enfants gâtés de Delcourt. Entièrement réalisée à la peinture, cette histoire sort des cases (il n’y a d’ailleurs jamais de fonds blancs), se raconte en format géant, dans un registre graphique stylisé, très lisible et extrêmement coloré. C’est terriblement expressif, d’une justesse et d’une beauté absolue. Flao est un génie. Notez que dans les dernières cases, consacrées au vernissage du travail de Zara, le dessinateur fait des hommages rigolos parmi les badauds à Tintin, Boule et Bill, Gaston, Anatole Latuile, Charly… et un joli clin d’œil à son éditeur.