L'histoire :
En marge des évènements politiques de l’été 1958, les autorités françaises ont décidément bien à faire avec un dénommé Patrick Plomb. Après avoir contribué à faire avorter un attentat contre De Gaulle et à neutraliser les frangins truands Courtapas, ce récent titulaire d’un brevet d’aviation et héros malgré lui est soudain devenu très utile à la DST ! En effet, les services secrets de l’état fomentent un plan tarabiscoté, avec l’aide des alliés américains, pour s’emparer d’un avion de chasse révolutionnaire soviétique, le Mig 17 PM, alias le Fresco E. Ces sombres fonctionnaires ont tout d’abord déniché un pilote de l’est qui cherchait à passer à l’ouest, à bord d’un de ces appareils. Or, pour éviter toutes représailles envers sa famille due à cette belle traitrise, il s’agit de faire croire à un crash dudit Fresco, si possible en territoire allié ! C’est là que ça se complique : ils ont donc imaginé le crash d’un autre appareil, un Mig 15, nécessitant la mobilisation d’un Mig 17 sur place, lequel serait lui aussi officiellement crashé – et réellement planqué, à la place d’une mise en scène – profitant d’un orage parasitaire (ouille !). Puis, ils n’ont rien trouvé de mieux que d’envoyer Patrick Plomb pour couvrir l’évènement avec un faux reportage, le plus crédible possible aux yeux des soviétiques. Ce rôle ingrat est on ne peut plus périlleux ! La DST a surtout oublié que l’acteur est on ne peut plus imprévisible…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une première trilogie (réussie ! – avec Nico Barral au dessin), puis un épisode de transition en one-shot, Les ailes de Plomb rempilent pour un cycle de 2 tomes, désormais sous la houlette du seul Christophe Gibelin. Le ton est toujours celui de la « réplique Tonton Flingueur », sur fond d’intrigue d’espionnage des années 50, dans le milieu bien sûr de l’aéronautique. Le pitch de départ de cette histoire parait cette fois un peu tiré par les cheveux… et il l’est réellement. Non seulement la stratégie permettant l’utilisation de ce héros récalcitrant parait bancale en soi, mais en outre, elle n’est pas mise en place de manière très limpide. A force d’abuser des répliques métaphoriques « à la Audiard », Gibelin finit par perdre le lecteur en route – et ce, quand bien même ces dialogues sont véritablement soignés. Autre curiosité agaçante : de nombreuses séquences sont dialoguées en allemand, non traduit ! Les non-germanophones patientent donc lors de ces passages, en essayant de comprendre ce qui se trame à l’aide de l’image seule… ce qui, au regard de l’intrigue alambiquée, n’est guère aisé ! Le dessin fin et réaliste est diversement appréciable. D’un côté, il prouve un boulot rigoureux, très appliqué, notamment dans les cadrages variés ou moult détails du décor pour cadrer avec l’époque. D’un autre, cette technicité réaliste le prive de caractère, de la touche artistique qui faisait le charme de la première trilogie.