L'histoire :
Paris, XIIIème, hiver 1888. Emile Farges et son acolyte Alphonse sont à recherche d’un impitoyable tueur prénommé l’Hypnotiseur. Il fait nuit noire et les deux détectives se déplacent dans les rues pavées de la capitale, à la pale lumière d’une lampe. Arrivé à l’impasse de la Cerisaie, Emile se fige. Il ressent dans le bas de son dos des fourmillements. C’est ainsi que son talent se manifeste lorsqu’il est proche du but. Les deux hommes s’introduisent dans l’impasse à pas feutrés. A la lueur d’une lanterne, le spectacle qui s’y déroule coupe leur entrain. Un homme vêtu d’un long imperméable sombre et d’un chapeau dépèce une femme à grand coup de lame. Reprenant son courage, Emile crie Police et demande à l’homme de se retourner. Doucement, l’assassin lève les mains et se retourne tout en parlant. Ses yeux sont d’une couleur hypnotique et sa parole semble annihiler toute volonté de nos deux détectives qui se retrouvent à genoux en quelques secondes, à répéter hébétés les fins de phrases de l’assassin. Voulant jouer avec eux, ce dernier programme Emile pour qu’il doute de son don, ainsi qu’il rêve de lui sous les traits d’un crâne qui rit ; et il programme Alphonse pour qu’il se suicide le lendemain. Une fois la nuit passée, au commissariat, une détonation retentit. Alphonse vient de se donner la mort devant ses collègues sous le choc, non sans avoir demandé de l’aide durant l’acte. C’est ce jour que la vie d’Emile Farges bascule.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après La malédiction de Gustave Babel, un récit des contes de la Pieuvre, l’auteur complet Gess, remet le couvert avec Un destin de trouveur. Nous nous retrouvons ici dans les rues pavées de la capitale française, à la fin des années 1800. C’est dans la pénombre de Paris que l’auteur peut développer l’histoire jouant sur la tension entre les personnes possédant un talent et les autres. Effectivement, dans ce contexte, chaque personnage possédant un talent peut le développer soit pour le bien, soit pour le mal, et cet avantage fait peur au commun des mortels. Gess entretien ce lien ambiguë et accentue la sauvagerie de l’organisation de la Pieuvre, en parsemant le récit d’un bon nombre de rebondissements. Sur le plan artistique, les planches sont couchées sur un imprimé style parchemin, qui donne du cachet à l’ouvrage ; et les cases sont tracées à la main, ce qui donne une irrégularité des cases plutôt jolie à l’œil. L’ouvrage est très travaillé. Les cases sont détaillées et les personnages sont charismatiques dans leurs postures. Les feedbacks sont facilement repérables visuellement, car l’auteur leur a appliqué une sorte de filtre vert. Ainsi, tout est fait pour que le lecteur ne se perde pas dans les méandres de l’histoire. Gess nous livre un second tome de très bonne facture, dont l’histoire est complètement indépendante du premier. Une belle série à suivre...