L'histoire :
Dans les années 20, l’écrivain irlandais Sean Mulligan accepte avec stupéfaction un héritage aussi sulfureux qu’exquis : le château du comte Brasov en Transylvanie, contenant une collection unique de manuscrits originaux des grands auteurs fantastiques du début XXe. Par précaution, il se rend sur place avec son ami, le détective McKinlay. Grand bien lui prend, car sur place, ils découvrent que Brasov a mis au point et abusé d’une invention démoniaque, le psychénographe. Cette machine a permis de donner vie à tous les monstres de littérature d’épouvante : Dracula, Frankenstein, Dr Hyde, loups garous, Jack the riper et ptérodactyles se sont donc répandus dans la lande des Carpathes, encerclant le château avec Mulligan, McKinlay et… Conan Doyle à l’intérieur. Isolés par les montagnes et un hiver très rigoureux, ces derniers explorent le château à la recherche du psychénographe : ils espèrent pouvoir le bidouiller pour en annuler les effets. Pendant ce temps, Brasov et ses créatures font route vers l’occident en dirigeable. A chaque ville étape, Budapest, Vienne, Fribourg puis Paris, les créatures font un carnage que les autorités ne parviennent pas à comprendre. Au même moment, Patrick Mulligan, fils de l’écrivain et révolutionnaire irlandais en besoin d’exil, traverse l’Europe dans l’autre sens pour rejoindre son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toujours sur le même concept graphico-narratif quelque peu désuet, marque de fabrique de cette équipe d’auteurs, la mise en bouche de cette série fantastique de série B n’avait que moyennement emballé. La raison en était un synopsis culotté et une utilisation quelque peu « ingénue » des grands mythes de la littérature fantastique. Imaginez : les plus célèbres prédateurs du registre de l’épouvante (vampires, monstres, ptérodactyles, psychopathes…) qui prennent vie et se liguent pour partir attaquer en zeppelin, tous en chœur, les principales capitales européennes ! Un peu gros, non ? Et pourtant, dans ce second volet, on finit par se prendre sincèrement au jeu. Sous la houlette du machiavélique Brasov, les monstres commettent moult étapes meurtrières, les autorités paniquent et nos héros sont impuissants, cloîtrés dans un nid d’aigle isolé et enneigé. On les suit dans leurs explorations des entrailles du château, de surprises en surprises, et dans leurs nombreux palabres, à la recherche d’une solution à distance. Un nouveau protagoniste fait également son apparition, le fils de Mulligan, un révolutionnaire irlandais qui tente de rejoindre son père et qui jouera un rôle pour le moins surprenant en fin d’album. Au dessin, Frédéric Marniquet cadre le plus souvent en buste, et de manière statique, les protagonistes en train de deviser avec flegme sur leurs calamités. Quelques scènes fantastiques viennent heureusement ponctuer l’aventure, mais elles paraissent terriblement insipides, comparées à ce qu’on a coutume de croiser dans le registre du 9e art moderne. Mais passons, le classicisme à-la-papa est ici un parti-pris pleinement assumé, jusque dans les dialogues très solennels.