L'histoire :
Deprimo, Macho et Parano sont trois potes, de vrais mecs obnubilés par leurs rapports avec la gente féminines, mais avec des caractères bien différents. Par exemple, Macho méprise les femmes, qu’il considère comme des objets sexuels uniquement dédiés à son plaisir égoïste. Il n’hésite d’ailleurs pas à les jeter comme de vieux kleenex dès que ça devient un tantinet compliqué ou barbant. De même, il a des avis rédhibitoires et d’un cynisme ultime sur le sexe faible (« On vit à l’ère du MacDo : aimer les grosses, c’est pas un choix, c’est un instinct de survie »). Tout aussi entreprenant avec les femmes, son copain Parano se remet néanmoins perpétuellement en question. Ainsi, il ne peut jamais saisir son bonheur : si elle ne crie pas au lit, c’est qu’il est nul et qu’elle s’ennuie ; si elle crie, c’est qu’elle simule. Deprimo, lui, quand il ne fait pas le test du sida parce qu’il a couché sans capote, il drague sur Internet et tombe sur une paraplégique. Et il se fait piéger par une séance de tchat, interminable et pathétique. Plus tard, pour s’en remettre, il aura la bonne idée de se remettre avec son ex…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour sa première bande dessinée, Thomas Mathieu a choisi la vaste problématique de la relation homme-femme pour sujet (vue de l’homme, surtout) et le format adapté du roman graphique, un petit recueil souple de la collection Shampooing, pour écrin. Les Drague-misères, ce sont 3 copains aux noms bien explicites quant à leurs tempéraments et quant aux épisodes relationnels qui en découlent : Deprimo, Macho et Parano. A travers cette jolie triplette de vainqueurs, Mathieu offre trois facettes de l’archétype de l’Homme jeune, moderne, plutôt urbain et entreprenant avec les femmes. Leur zoomorphisme en dit long sur nos bas instincts animaux : ce sont des loups (et tous leurs concurrents sont des crocodiles). Tour à tour, à travers une douzaine d’histoires courtes, des interludes sous forme de strips, ainsi que des cases uniques, nos drague-misères devisent entre eux ou concrétisent en galante compagnie des aventures diversement odieuses, tourmentées, culottées, angoissantes… et souvent drôles. Plus subtil qu’impératif, l’humour n’est toutefois jamais une finalité forcée. La modernité du dessin, simple, souvent minimaliste (les strips sont en quasiment en ombres chinoises) est parfaitement adaptée au ton. Le schématisme permet en outre de ne jamais sombre dans le voyeurisme, en dépit de situations parfois scabreuses (ah ah l’épicier arabe !). Car si la drague et le sexe semblent être l’obsession première de nos personnages – une préoccupation ancestrale, naturelle et collective – Mathieu l’instrumentalise surtout comme révélateur de comportements peu glorieux. Ne pas hésiter à morceler la lecture de ces saynètes pour rendre la démarche plus agréable…
