L'histoire :
Depuis des lustres, les soldats de l’Anspech tentaient de franchir le « Terreau des Braves », un col haut perché donnant sur un tombeau troglodyte. Jusqu’à ce jour, ils avaient hélas toujours buté sur la vaillance de l’ennemi Tarn. Aujourd’hui, le courageux seigneur Aracelis mène ses hommes à une victoire totale et il s’apprête enfin à pénétrer dans la « liche » tant convoitée. Mais le « sortileste » Rusin, un obscur mage du royaume, dévoile sa traitrise : il réveille les morts, qui anéantissent en quelques secondes Aracelis et son armée. A bien des lieux de là, le sortileste Grimillion (un probe rival) reçoit violemment cette nouvelle d’un esprit follet. Il en fait aussitôt part à la « souvereste » Gilke, en l’une des 5 majestueuses tours de Taramore. Le recrutement d’une nouvelle armée s’annonce difficile étant donné qu’au terme de moult conscriptions forcées, il ne reste plus que des loqueteux et bouseux parmi la populace du royaume. Grimillion ne voit donc qu’une solution : embaucher 4 mercenaires de légende : les fléaux d’Enharma. Il met donc son esprit en alerte aux flux magiques et les repère quelques jours plus tard. Or, les 4 zouaves qu’il identifie ne sont pas les vrais fléaux, mais des aventuriers tout juste dégourdis, mus par l’appât du gain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tandem d’auteurs déjà responsables de Salëm la noire et d’Acriboréa récidive aujourd’hui, pour le plus grand plaisir de leurs fans, dans le registre de l’heroïc-fantasy pur jus. Dans ce tome d’exposition des Fléaux d’Enharma, il y a une quête réputée impossible, un royaume à sauver, des flux de magie, des batailles épiques et des bastons mémorables, un groupe d’aventuriers complémentaires, un puissant mage (vieux, barbu et nez crochu de circonstance) pour les épauler… Tous les ingrédients du genre sont certes bien là, mais le scénariste Sylvain Cordurié a l’intelligence d’éviter les sentiers battus quant à la trame générale et au rythme insufflé. Intéressante idée, en effet, que de placer en héros des imposteurs quelque peu fantasques… Verra t-ont, d’ailleurs, au cours de l’aventure, les véritables Fléaux ? Comme toujours dans une histoire narrée par Cordurié, il faut bien s’accrocher au départ pour identifier les protagonistes et le contexte (sortileste, souvereste…). Mais une fois qu’on baigne dans la problématique, on prend beaucoup de plaisir à suivre ces aventuriers au sein de ce qui reste une comédie de genre. Le plaisir est aussi imputable en grande partie au dessin de Stéphane Créty, une nouvelle fois « flamboyant ». Le monde légendaire d’Enharma est en effet l’occasion pour lui de s’en donner à cœur joie sur des décors tour à tour enchanteurs (la cité de Taramore) ou obscurs (les hauts pics du Terreau des Braves), sur les tronches burinés des personnages et le bestiaire bigarré (oh le gentil « chaton »…), ainsi que sur des angles de vues qui n’en finissent pas, à donner le vertige. Cette excellente mise en bouche comblera pleinement les amateurs du genre !